our Mantoue et Milan, ne doutant pas qu'ils ne vinssent bientot
faire leur soumission pleine et entiere.
L'assemblee de tous les membres du gouvernement, qui s'etait deja
formee chez le doge, se reunit de nouveau pour entendre le rapport des
commissaires. Il n'y avait plus moyen de resister aux exigences du
general; il fallait consentir a tout, car le peril devenait chaque
jour plus imminent. On disait que la bourgeoisie conspirait et voulait
egorger la noblesse, que les Esclavons allaient profiter de l'occasion
pour piller la ville. On convint de faire une nouvelle proposition au
grand conseil, tendante a accorder tout ce que demandait le general
Bonaparte. Le 15 floreal (4 mai), le grand conseil fut assemble de
nouveau. A la majorite de sept cent quatre voix contre dix, il decida
que les commissaires seraient autorises a traiter a toutes conditions
avec le general Bonaparte, et qu'une procedure serait commencee
sur-le-champ contre les trois inquisiteurs d'etat et le commandant du
Lido.
Les commissaires, munis de ces nouveaux pouvoirs, suivirent Bonaparte
a Milan pour aller mettre l'orgueilleuse constitution venitienne a ses
pieds. Mais six jours ne suffisaient pas, et la treve devait expirer
avant qu'ils eussent pu s'entendre avec le general. Pendant ce temps
la terreur allait croissant dans Venise. Un instant on fut tellement
epouvante, qu'on autorisa le commandant des lagunes a capituler avec les
generaux francais, charges du commandement en l'absence de Bonaparte. On
lui recommanda seulement l'independance de la republique, la religion,
la surete des personnes et des ambassadeurs etrangers, les proprietes
publiques et particulieres, la monnaie, la banque, l'arsenal, les
archives. Cependant on obtint des generaux francais une prolongation de
la treve, pour donner aux envoyes venitiens le temps de negocier avec
Bonaparte.
L'arrestation des trois inquisiteurs d'etat avait desorganise la police
de Venise. Les plus influens personnages de la bourgeoisie s'agitaient,
et manifestaient ouvertement l'intention d'agir, pour hater la chute
de l'aristocratie. Ils entouraient le charge d'affaires de France,
Villetard, qui etait reste a Venise apres le depart du ministre
Lallemant, et qui etait un ardent patriote. Ils cherchaient et
esperaient en lui un soutien pour leurs projets. En meme temps les
Esclavons se livraient a l'indiscipline et faisaient craindre les plus
horribles exces. Ils avaient eu des rixes avec le peupl
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