ne
blessant en rien les croyances, ayant ete neanmoins mal interprete par
eux, et regarde comme contraire aux doctrines de l'eglise catholique, ne
devait pas leur etre impose. C'etait une tyrannie dont le resultat etait
de creer une classe de proscrits, et de proscrits dangereux, parce
qu'ils avaient une grande influence sur les esprits, et que, derobes
avec empressement aux recherches de l'autorite par le zele pieux des
peuples, ils travaillaient dans l'ombre a exciter la revolte. Quant
aux ceremonies du culte, il ne suffisait pas de les permettre dans des
temples fermes, il fallait, tout en defendant les pompes exterieures qui
pouvaient devenir un sujet de trouble, permettre certaines pratiques
indispensables. Ainsi les cloches etaient indispensables pour reunir
les catholiques a certaines heures; elles etaient partie necessaire du
culte; les defendre, c'etait en gener la liberte. D'ailleurs le peuple
etait accoutume a ces sons, il les aimait, il n'avait pas encore
consenti a s'en passer; et, dans les campagnes, la loi contre les
cloches n'avait jamais ete executee. Les permettre, c'etait donc
satisfaire a un besoin innocent, et faire cesser le scandale d'une loi
inexecutee. Il en etait de meme pour les cimetieres. Tout en interdisant
les pompes publiques a tous les cultes, il fallait cependant permettre
a chacun d'avoir des lieux fermes, consacres aux sepultures, et dans
l'enceinte desquels on pourrait placer les signes propres a chaque
religion. En vertu de ces principes, Camille Jordan proposait
l'abolition des sermens, l'annulation des lois repressives qui en
avaient ete la consequence, la permission d'employer les cloches, et
d'avoir des cimetieres dans l'enceinte desquels chaque culte pourrait
placer a volonte ses signes religieux sur les tombeaux. Les principes de
ce rapport, quoique exposes avec une emphase dangereuse, etaient
justes. Il est vrai qu'il n'existe qu'un moyen de detruire les vieilles
superstitions, c'est l'indifference et la disette. En souffrant tous
les cultes, et n'en salariant aucun, les gouvernemens hateraient
singulierement leur fin. La convention avait deja rendu aux catholiques
les temples qui leur servaient d'eglises; le directoire aurait bien
fait de leur permettre les cloches, les croix dans les cimetieres,
et d'abolir l'usage du serment et les lois contre les pretres qui le
refusaient. Mais employait-on les veritables formes, choisissait-on le
veritable moment, pour presenter de sembla
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