s journaux; mais pendant ce temps, Rewbell et Larevelliere, etrangers
a ces intrigues, prirent eux-memes l'initiative. Le 28 messidor, Rewbell
declara, dans la seance du directoire, qu'il etait temps d'en finir,
qu'il fallait faire cesser les fluctuations du gouvernement, et
s'occuper du changement des ministres. Il demanda qu'on procedat
sur-le-champ au scrutin. Le scrutin fut secret. Truguet et Delacroix,
que tout le monde etait d'accord de remplacer, furent exclus a
l'unanimite. Quant a Ramel et a Merlin, que les constitutionnels seuls
voulaient remplacer, ils n'eurent contre eux que les deux voix de
Carnot et de Barthelemy, et ils furent maintenus par celles de Rewbell,
Larevelliere et Barras. Cochon, Petiet et Benezech furent destitues par
les trois voix qui avaient soutenu Merlin et Ramel. Ainsi le plan de
reforme, adopte par la majorite directoriale, etait accompli. Carnot, se
voyant joue, voulait differer au moins la nomination des successeurs, en
disant qu'il n'etait pas pret a faire un choix. On lui repondit durement
qu'un directeur devait toujours etre prepare, et qu'il ne devait pas
destituer un fonctionnaire sans avoir deja fixe ses idees sur le
remplacant. On l'obligea a voter sur-le-champ. Les cinq successeurs
furent nommes par la grande majorite. On avait conserve Ramel aux
finances, Merlin a la justice; on nomma aux affaires etrangeres M.
de Talleyrand; a la marine un vieux et brave marin, administrateur
excellent, Pleville Le Peley; a l'interieur un homme de lettres assez
distingue, mais plus disert que capable, Francois (de Neuf-Chateau); a
la police Lenoir-Laroche, homme sage et eclaire, qui ecrivait dans _le
Moniteur_ de bons articles politiques; enfin a la guerre le jeune
et brillant general sur lequel on avait resolu de s'appuyer, Hoche.
Celui-ci n'avait pas l'age requis par la constitution, c'est-a-dire
trente ans. On le savait, mais Larevelliere avait propose a ses deux
collegues, Rewbell et Barras, de le nommer, sauf a le remplacer dans
deux jours, afin de se l'attacher, et de donner un temoignage flatteur
aux armees. Ainsi tout le monde concourut a ce changement, qui devint
decisif, comme on va le voir. Il est assez ordinaire de voir les partis
contribuer a un meme evenement, qu'ils croient devoir leur profiter. Ils
concourent tous a le produire; mais le plus fort decide le resultat en
sa faveur.
N'aurait-il pas eu l'orgueil le plus irritable, Carnot devait etre
indigne, et se croire joue par
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