action royaliste demandait la
paix avec fureur sans la desirer; les constitutionnels la voulaient
sincerement, meme au prix de quelques sacrifices; les republicains la
voulaient sans sacrifices, et souhaitaient par dessus tout la gloire de
la republique. Ils auraient voulu l'affranchissement entier de l'Italie,
et la restitution des colonies de nos allies, meme au prix d'une
nouvelle campagne. Les opinions des cinq directeurs etaient dictees par
leur position. Carnot et Barthelemy votaient pour qu'on acceptat les
conditions de l'Autriche et de l'Angleterre; les trois autres directeurs
soutenaient l'opinion contraire. Ces questions acheverent de brouiller
les deux parties du directoire. Barras reprocha amerement a Carnot
les preliminaires de Leoben, dont celui-ci avait fortement appuye la
ratification, et employa a son egard les expressions les moins mesurees.
Carnot, de son cote, dit, a propos de ces expressions, _qu'il ne fallait
pas opprimer l'Autriche_; ce qui signifiait que, pour que la paix fut
durable, les conditions devaient en etre moderees. Mais ses collegues
prirent fort mal ces expressions, et Rewbell lui demanda s'il etait
ministre de l'Autriche ou magistrat de la republique francaise. Les
trois directeurs, en recevant les depeches de Bonaparte, voulaient qu'on
rompit sur-le-champ, et qu'on reprit les hostilites. Cependant, l'etat
de la republique, la crainte de donner de nouvelles armes aux ennemis
du gouvernement, et de leur fournir le pretexte de dire que jamais le
directoire ne ferait la paix, deciderent les directeurs a temporiser
encore. Ils ecrivirent a Bonaparte qu'il fallait combler la mesure de
la patience, et attendre encore jusqu'a ce que la mauvaise foi de
l'Autriche fut prouvee d'une maniere evidente, et que la reprise des
hostilites put etre imputee a elle seule.
Relativement aux conferences de Lille, la question n'etait pas moins
embarrassante. Pour la France, la decision etait facile, puisqu'on lui
rendait tout, mais pour l'Espagne, qui restait privee de la Trinite,
pour la Hollande, qui perdait Trinquemale, la question etait difficile a
resoudre. Carnot, que sa nouvelle position obligeait a opiner toujours
pour la paix, votait pour l'adoption de ces conditions, quoique peu
genereuses a l'egard de nos allies. Comme on etait tres-mecontent de la
Hollande et des partis qui la divisaient, il conseillait de l'abandonner
a elle-meme, et de ne plus se meler de son sort; conseil tout aussi peu
gen
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