ereux que celui de sacrifier ses colonies. Rewbell s'emporta fort sur
cette question. Passionne pour les interets de la France, meme jusqu'a
l'injustice, il voulait que, loin d'abandonner la Hollande, on se rendit
tout-puissant chez elle, qu'on en fit une province de la republique; et
surtout il s'opposait de toutes ses forces a l'adoption de l'article par
lequel la France renoncait a posseder jamais le cap de Bonne-Esperance.
Il soutenait, au contraire, que cette colonie et plusieurs autres
devaient nous revenir un jour, pour prix de nos services. Il defendait
comme on voit, les interets des allies, pour nous, beaucoup plus encore
que pour eux. Larevelliere, qui par equite prenait leurs interets en
grande consideration, repoussait les conditions proposees, par des
raisons toutes differentes. Il regardait comme honteux de sacrifier
l'Espagne, qu'on avait engagee dans une lutte qui lui etait pour ainsi
dire etrangere, et qu'on obligeait, pour prix de son alliance, a
sacrifier une importante colonie. Il regardait comme tout aussi honteux
de sacrifier la Hollande, qu'on avait entrainee dans la carriere des
revolutions, du sort de laquelle on s'etait charge, et qu'on allait a
la fois priver de ses plus riches possessions, et livrer a une affreuse
anarchie. Si la France, en effet, lui retirait sa main, elle allait
tomber dans les plus funestes desordres. Larevelliere disait qu'on
serait responsable de tout le sang qui coulerait. Cette politique
etait genereuse; peut-etre n'etait-elle pas assez calculee. Nos allies
faisaient des pertes; la question etait de savoir s'ils n'en feraient
pas de plus grandes en continuant la guerre. L'avenir l'a prouve. Mais
les triomphes de la France sur le continent faisaient esperer alors que,
delivree de l'Autriche, elle en obtiendrait d'aussi grands sur les
mers. L'abandon de nos allies parut honteux; on prit un autre parti. On
resolut de s'adresser a l'Espagne et a la Hollande, pour s'enquerir de
leurs intentions. Elles devaient declarer si elles voulaient la paix,
au prix des sacrifices exiges par l'Angleterre, et dans le cas ou elles
prefereraient la continuation de la guerre, elles devaient declarer en
outre quelles forces elles se proposaient de reunir pour la defense des
interets communs. On ecrivit a Lille que la reponse aux propositions
de l'Angleterre ne pouvait pas etre donnee avant d'avoir consulte les
allies.
Ces discussions acheverent de brouiller completement les directeurs. Le
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