moment de la catastrophe approchait; les deux partis poursuivaient leur
marche, et s'irritaient tous les jours davantage. La commission des
finances dans les cinq-cents avait retouche ses mesures, pour les
faire agreer aux anciens avec quelques modifications. Les dispositions
relatives a la tresorerie avaient ete legerement changees. Le directoire
devait toujours rester etranger aux negociations des valeurs; et
sans confirmer ni abroger la distinction de l'ordinaire et de
l'extraordinaire, il etait decide que les depenses relatives a la solde
des armees auraient toujours la preference. Les anticipations etaient
defendues pour l'avenir, mais les anticipations deja faites n'etaient
pas revoquees. Enfin, les nouvelles dispositions sur la vente des biens
nationaux etaient reproduites, mais avec une modification importante;
c'est que les ordonnances des ministres et les bons des fournisseurs
devaient etre pris en paiement des biens, comme _les bons des trois
quarts_. Ces mesures, ainsi modifiees, avaient ete adoptees; elles
etaient moins subversives des moyens du tresor, mais tres dangereuses
encore. Toutes les lois penales contre les pretres etaient abolies; le
serment etait change en une simple declaration, par laquelle les pretres
declaraient se soumettre aux lois de la republique. Il n'avait pas
encore ete question des formes du culte, ni des cloches. Les successions
des emigres n'etaient plus ouvertes en faveur de l'etat, mais en faveur
des parens. Les familles, qui deja avaient ete obligees de compter a
la republique la part patrimoniale d'un fils ou d'un parent emigre,
allaient recevoir une indemnite en biens nationaux. La vente des
presbyteres etait suspendue. Enfin la plus importante de toutes les
mesures, l'institution de la garde nationale, avait ete votee en
quelques jours, sur les bases exposees plus haut. La composition de
cette garde devait se faire par voie d'election. C'etait sur cette
mesure que Pichegru et les siens comptaient le plus pour l'execution de
leurs projets. Aussi avaient-ils fait ajouter un article, par lequel
le travail de cette organisation devait commencer dix jours apres la
publication de la loi. Ils etaient ainsi assures d'avoir bientot reuni
la garde parisienne, et avec elle tous les insurges de vendemiaire.
Le directoire, de son cote, convaincu de l'imminence du peril, et
supposant toujours une conspiration prete a eclater, avait pris
l'attitude la plus menacante. Augereau n'etait pas s
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