ne
gagneraient rien a attendre, car jamais elle ne pourrait servir toute
la dette; qu'en les liquidant, leur sort etait fixe; que le paiement
du tiers consolide commencait sur-le-champ, car les moyens de faire le
service existaient, et que la republique de son cote etait delivree
d'un fardeau enorme; qu'elle entrait par la dans des voies regulieres;
qu'elle se presentait a l'Europe avec une dette devenue legere, et
qu'elle allait en devenir plus imposante et plus forte pour obtenir la
paix; qu'enfin on ne pouvait pas distinguer entre les differentes rentes
suivant le prix d'acquisition, et qu'il fallait les traiter toutes
egalement.
Cette mesure etait inevitable. La republique faisait ici comme elle
avait toujours fait: tous les engagemens au-dessus de ses forces, elle
les avait remplis avec des terres, au prix ou elles etaient tombees.
C'est en assignats qu'elle avait acquitte les anciennes charges, ainsi
que toutes les depenses de la revolution, et c'est avec des terres
qu'elle avait acquitte les assignats. C'est en assignats, c'est-a-dire
encore avec des terres, qu'elle avait servi les interets de la dette,
et c'est avec des terres qu'elle finissait par en acquitter le capital
lui-meme. En un mot, elle donnait ce qu'elle possedait. On n'avait pas
autrement liquide la dette aux Etats-Unis. Les creanciers avaient recu
pour tout paiement les rives du Mississipi. Les mesures de cette nature
causent, comme les revolutions, beaucoup de froissemens particuliers;
mais il faut savoir les subir, quand elles sont devenues inevitables. La
mesure fut adoptee. Ainsi, au moyen des nouveaux impots, qui portaient
la recette a 616 millions, et grace a la reduction de la dette, qui
permettait de restreindre la depense a cette somme, la balance se trouva
retablie dans nos finances, et on put esperer un peu moins d'embarras
pour l'an VI (de septembre 1797 a septembre 1798).
A toutes ces mesures, resultats de la victoire, le parti republicain
en voulait ajouter une derniere. Il disait que la republique serait
toujours en peril, tant qu'une caste ennemie, celle des ci-devant
nobles, serait soufferte dans son sein; il voulait qu'on exilat de
France toutes les familles qui autrefois avaient ete nobles, ou
s'etaient fait passer pour nobles; qu'on leur donnat la valeur de
leurs biens en marchandises francaises, et qu'on les obligeat a porter
ailleurs leurs prejuges, leurs passions et leur existence. Ce projet
etait fort appuye par Sieyes,
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