uvait
etre forte encore que des secours de la France. Le projet etait d'y
laisser, comme en Hollande, une partie de l'armee, qui se reposerait la
de ses fatigues, jouirait paisiblement de sa gloire, et animerait de
son feu guerrier toute la contree. Bonaparte, avec cette prevoyance qui
s'etendait a tout, avait forme pour la Cisalpine un vaste et magnifique
plan. Cette republique etait pour la France un avant-poste; il fallait
que nos armees pussent y arriver rapidement. Bonaparte avait forme
le projet d'une route, qui de France arriverait a Geneve, de Geneve
traverserait le Valais, percerait le Simplon, et descendrait en
Lombardie. Il traitait deja avec la Suisse pour cet objet. Il avait
envoye des ingenieurs pour faire le devis de la depense, et il arretait
tous les details d'execution, avec cette precision qu'il mettait dans
les projets meme les plus vastes et les plus chimeriques en apparence.
Il voulait que cette grande route, la premiere qui percerait
directement les Alpes, fut large, sure et magnifique, qu'elle devint un
chef-d'oeuvre de la liberte et un monument de la puissance francaise.
Tandis qu'il s'occupait ainsi d'une republique qui lui devait
l'existence, il rendait la justice aussi et etait pris pour arbitre
entre deux peuples. La Valteline s'etait revoltee contre la souverainete
des ligues grises. La Valteline se compose de trois vallees, qui
appartiennent a l'Italie, car elles versent leurs eaux vers l'Adda.
Elles etaient soumises au joug des Grisons, joug insupportable, car il
n'y en a pas de plus pesant que celui qu'un peuple impose a un autre
peuple. Il y avait plus d'une tyrannie de ce genre en Suisse. Celle de
Berne sur le pays de Vaud etait celebre. Les Valtelins se souleverent et
demanderent a faire partie de la republique cisalpine. Ils invoquerent
la protection de Bonaparte, et se fonderent, pour l'obtenir, sur
d'anciens traites, qui mettaient la Valteline sous la protection des
souverains de Milan. Les Grisons et les Valtelins convinrent de s'en
referer au tribunal de Bonaparte. Il accepta la mediation avec la
permission du directoire. Il fit conseiller aux Grisons de reconnaitre
les droits des Valtelins, et de se les associer comme une nouvelle
ligue grise. Ils s'y refuserent, et voulurent plaider la cause de leur
tyrannie. Bonaparte leur fixa une epoque pour comparaitre. Le terme
venu, les Grisons, a l'instigation de l'Autriche, refuserent de se
presenter. Bonaparte alors, se fondant sur l'
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