vait ete
amene ainsi a reflechir sur la Mediterranee, sur son importance et sur
le role que nous pouvions y jouer. Il avait conclu que si, dans l'Ocean,
nous devions rencontrer des maitres, nous n'en devions pas avoir dans la
Mediterranee. Que l'Italie fut affranchie en entier ou ne le fut pas,
que Venise fut ou non cedee a l'Autriche, il voulait que la France
gardat les iles Ioniennes, Corfou, Zante, Sainte-Maure, Cerigo,
Cephalonie. Les peuples de ces iles demandaient a devenir nos sujets.
Malte, le poste le plus important de la Mediterranee, appartenait a un
ordre use, et qui devait disparaitre devant l'influence de la revolution
francaise. Malte, d'ailleurs, devait tomber bientot au pouvoir des
Anglais, si la France ne s'en emparait pas. Bonaparte avait fait saisir
les proprietes des chevaliers en Italie, pour achever de les ruiner. Il
avait pratique des intrigues a Malte meme, qui n'etait gardee que par
quelques chevaliers et une faible garnison; et il se proposait d'y
envoyer sa petite marine et de s'en emparer. "De ces differens postes,
ecrivait-il au directoire, nous dominerons la Mediterranee, nous
veillerons sur l'empire ottoman, qui croule de toutes parts, et nous
serons en mesure ou de le soutenir ou d'en prendre notre part. Nous
pourrons davantage, ajoutait Bonaparte, nous pourrons rendre presque
inutile aux Anglais la domination de l'Ocean. Ils nous ont conteste a
Lille le Cap de Bonne-Esperance; nous pouvons nous en passer. Occupons
l'Egypte; nous aurons la route directe de l'Inde, et il nous sera facile
d'y etablir une des plus belles colonies du globe."
C'est donc en Italie, et en promenant sa pensee sur le Levant, qu'il
concut la premiere idee de l'expedition celebre qui fut tentee
l'annee suivante. "C'est en Egypte, ecrivait-il, qu'il faut attaquer
l'Angleterre." (Lettre du 16 aout 1797--29 thermidor an V.)
Pour arriver a ces fins, il avait fait venir l'amiral Brueys dans
l'Adriatique avec six vaisseaux, quelques fregates et quelques
corvettes. Il s'etait menage en outre un moyen de s'emparer de la marine
venitienne. D'apres le traite conclu, on devait lui payer trois millions
en materiel de marine. Il prit sous ce pretexte tous les chanvres, fers,
etc., qui formaient du reste la seule richesse de l'arsenal venitien.
Apres s'etre empare du materiel sous le pretexte des trois millions,
Bonaparte s'empara des vaisseaux, sous pretexte d'aller occuper les iles
pour le compte de Venise democratique. Il
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