ra pas moins tranchant et moins positif. Il ne consentait plus
a s'en tenir aux preliminaires de Leoben, qui donnaient a l'Autriche
la limite de l'Oglio en Italie; il voulait maintenant que l'Italie fut
affranchie tout entiere jusqu'a l'Izonzo, et que l'Autriche se contentat
pour indemnite de la secularisation de divers etats ecclesiastiques en
Allemagne. Il rappela Clarke, qui avait ete choisi et envoye par Carnot,
et qui avait, dans sa correspondance, fort peu menage les generaux de
l'armee d'Italie reputes les plus republicains. Bonaparte demeura charge
des pouvoirs de la republique pour traiter avec l'Autriche.
L'ultimatum que le directoire faisait signifier a Lille par les nouveaux
negociateurs, Bonnier et Treilhard, vint rompre une negociation presque
achevee. Lord Malmesbury en fut singulierement deconcerte, car il
desirait la paix, soit pour finir glorieusement sa carriere, soit pour
procurer a son gouvernement un moment de repit. Il temoigna les plus
vifs regrets; mais il etait impossible que l'Angleterre renoncat a
toutes ses conquetes maritimes, et ne recut rien en echange. Lord
Malmesbury etait si sincere dans son desir de traiter, qu'il engagea
M. Maret a chercher a Paris, si on ne pourrait pas influer sur la
determination du directoire, et offrit meme plusieurs millions pour
acheter la voix de l'un des directeurs. M. Maret refusa de se charger
d'aucune negociation de cette espece, et quitta Lille. Lord Malmesbury
et M. Ellis partirent sur-le-champ, et ne revinrent pas. Quoiqu'on put
reprocher dans cette circonstance au directoire d'avoir repousse une
paix certaine et avantageuse pour la France, son motif etait cependant
honorable. Il eut ete peu loyal a nous d'abandonner nos allies, et de
leur imposer des sacrifices pour prix de leur devoument a notre cause.
Le directoire, se flattant d'avoir sous peu la paix avec l'Autriche,
ou du moins de la lui imposer par un mouvement de nos armees, avait
l'espoir d'etre bientot delivre de ses ennemis du continent, et de
pouvoir tourner toutes ses forces contre l'Angleterre.
L'ultimatum signifie a Bonaparte lui deplut singulierement, car il
n'esperait pas pouvoir le faire accepter. Il etait difficile, en effet,
de forcer l'Autriche a renoncer tout a fait l'Italie, et a se contenter
de la secularisation de quelques etats ecclesiastiques en Allemagne, a
moins de marcher sur Vienne. Or, Bonaparte ne pouvait plus pretendre a
cet honneur, car il avait toutes les forces de
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