ance toute revolutionnaire. Elles furent votees le 18 fructidor an
V (4 septembre) au soir, dans les cinq-cents. Aucune voix ne s'eleva
contre leur adoption; quelques deputes applaudirent, la majorite fut
silencieuse et soumise. La resolution qui les contenait fut portee de
suite aux anciens, qui etaient en permanence comme les cinq-cents, et
qui attendaient qu'on leur fournit un sujet de deliberation. La simple
lecture de la resolution et du rapport les occupa jusqu'au matin du
19. Fatigues d'une seance trop longue, ils s'ajournerent pour quelques
heures. Le directoire, qui etait impatient d'obtenir la sanction des
anciens, et de pouvoir appuyer d'une loi le coup d'etat qu'il avait
frappe, envoya un message au corps legislatif. "Le directoire, disait ce
message, s'est devoue pour sauver la liberte, mais il compte sur vous
pour l'appuyer. C'est aujourd'hui le 19, et vous n'avez encore rien
fait pour le seconder." La resolution fut aussitot approuvee en loi, et
envoyee au directoire.
A peine fut-il muni de cette loi, qu'il se hata d'en user, voulant
executer son plan avec promptitude, et aussitot apres faire rentrer
toutes choses dans l'ordre. Un grand nombre de condamnes a la
deportation s'etait enfuis. Carnot s'etait secretement dirige vers
la Suisse. Le directoire aurait voulu faire evader Barthelemy, qui
s'obstina par les raisons qui ont ete rapportees plus haut. Il choisit
sur la liste des deportes quinze individus, juges ou plus dangereux ou
plus coupables, et les destina a une deportation, qui pour quelques-uns
fut aussi funeste que la mort. On les fit partir le jour meme, dans des
chariots grilles, pour Rochefort, d'ou ils durent etre transportes sur
une fregate a la Guyane. C'etaient Barthelemy, Pichegru, Willot, ainsi
traites a cause ou de leur importance ou de leur culpabilite; Rovere, a
cause de ses intelligences connues avec la faction royaliste; Aubry,
a cause de son role dans la reaction; Bourdon (de l'Oise), Murinais,
Delarue, a cause de leur conduite dans les cinq-cents; Ramel, a cause de
sa conduite a la tete des grenadiers; Dossonville, a cause des
fonctions qu'il avait remplies aupres de la commission des inspecteurs;
Troncon-Ducoudray, Barbe-Marbois, Lafond-Ladebat, a cause, non de leur
culpabilite, car ils etaient sincerement attaches a la republique,
mais de leur influence dans le conseil des anciens; enfin Brottier et
Laville-Heurnois, a cause de leur conspiration. Leur complice Duverne de
Presle
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