gne et la
France, venait d'abandonner son antique allie, et de traiter avec la
France. La condition principale du traite lui interdisait de recevoir
a la fois plus de six vaisseaux armes, appartenant aux puissances
belligerantes. L'Angleterre perdait donc ainsi sa precieuse station dans
le Tage. Ce traite inattendu livra un peu les negociateurs anglais a M.
Maret. On se mit a debattre les conditions definitives. On ne put pas
arracher la Trinite; quant au cap de Bonne-Esperance, qui etait l'objet
le plus important, il fut enfin convenu qu'il serait restitue a la
Hollande, mais a une condition expresse, c'est que jamais la France ne
profiterait de son ascendant sur la Hollande pour s'en emparer. C'est la
ce que l'Angleterre redoutait le plus. Elle voulait moins l'avoir que
nous l'enlever, et la restitution en fut decidee, a la condition que
nous ne l'aurions jamais nous-memes. Quant a Trinquemale, qui entrainait
la possession du Ceylan, il devait etre garde par les Anglais, toutefois
avec l'apparence de l'alternative. Une garnison hollandaise devait
alterner avec une garnison anglaise; mais il etait convenu que ce
serait la une formalite purement illusoire, et que ce port resterait
effectivement aux Anglais. Quant a l'echange de Cochin contre
Negapatnam, les Anglais y tenaient encore, sans en faire pourtant une
condition _sine qua non_. Les 12 millions etaient acceptes pour les
vaisseaux pris a Toulon. Quant au titre de roi de France, il etait
convenu que, sans l'abdiquer formellement, le roi d'Angleterre cesserait
de le prendre.
Tel etait le point ou s'etaient arretees les pretentions reciproques des
negociateurs. Letourneur, qui etait reste seul avec M. Maret depuis le
depart de Pleville Le Peley, appele au ministere de la marine, etait
dans une complete ignorance de la negociation secrete. M. Maret le
dedommageait de sa nullite, en lui cedant tous les honneurs exterieurs,
toutes les choses de representation, auxquels cet homme honnete et
facile tenait beaucoup. M. Maret avait fait part de tous les details
de la negociation au directoire, et attendait ses decisions. Jamais la
France et l'Angleterre n'avaient ete plus pres de se concilier. Il etait
evident que la negociation de Lille etait entierement detachee de celle
d'Udine, et que l'Angleterre agissait de son cote sans chercher a
s'entendre avec l'Autriche.
La decision a prendre sur ces negociations devait agiter le directoire
plus que toute autre question. La f
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