ere. Avant d'y
consentir, M. Maret ecrivit a Paris pour etre autorise par le ministere
francais. Il le fut sans difficulte, et sur-le-champ il entra en
pourparlers avec les negociateurs anglais. Il n'etait plus question de
contester les Pays-Bas ni de discuter sur la nouvelle position dans
laquelle la Hollande se trouvait par rapport a la France; mais
l'Angleterre voulait garder quelques-unes des principales colonies
qu'elle avait conquises, pour s'indemniser, soit des frais de la guerre,
soit des concessions qu'elle nous faisait. Elle consentait a nous rendre
toutes nos colonies, elle consentait meme a renoncer a toute pretention
sur Saint-Domingue, et a nous aider a y etablir notre domination; mais
elle pretendait s'indemniser aux depens de la Hollande et de l'Espagne.
Ainsi elle ne voulait pas rendre a l'Espagne l'ile de la Trinite, dont
elle s'etait emparee, et qui etait une colonie fort importante par sa
position a l'entree de la mer des Antilles; elle voulait, parmi les
possessions enlevees aux Hollandais, garder le cap de Bonne-Esperance,
qui commande la navigation des deux Oceans, et Trinquemale, principal
port de l'ile de Ceylan; elle voulait echanger la ville de Negapatnam,
sur la cote de Coromandel, contre la ville et le fort de Cochin sur
la cote de Malabar, etablissement precieux pour elle. Quant a la
renonciation au titre de roi de France, les negociateurs anglais
resistaient a cause de la famille royale, qui etait peu disposee a la
paix, et dont il fallait menager la vanite. Relativement aux vaisseaux
enleves a Toulon, et qui deja avaient ete equipes et armes a l'anglaise,
ils trouvaient trop ignominieux de les rendre, et offraient une
indemnite en argent de 12 millions. Malmesbury donnait pour raison a M.
Maret, qu'il ne pouvait rentrer a Londres apres avoir tout rendu, et
n'avoir conserve au peuple anglais aucune des conquetes payees de son
sang et de ses tresors. Pour prouver d'ailleurs sa sincerite, il montra
toutes les instructions secretes remises a M. Ellis, et qui contenaient
la preuve du desir que Pitt avait d'obtenir la paix. Ces conditions
meritaient d'etre debattues.
Une circonstance survenue tout a coup donna beaucoup d'avantages
aux negociateurs francais. Outre la reunion des flottes espagnole,
hollandaise et francaise a Brest, reunion qui dependait du premier coup
de vent qui eloignerait l'amiral Jewis de Cadix, l'Angleterre avait
a redouter un autre danger. Le Portugal, effraye par l'Espa
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