te, et proteger les republicains.
"Soldats! le gouvernement veille sur le depot des lois qui lui est
confie. Les royalistes, des l'instant qu'ils se montreront, auront vecu.
Soyez sans inquietude, et jurons par les manes des heros qui sont
morts a cote de nous pour la liberte, jurons sur nos drapeaux, guerre
implacable aux ennemis de la republique et de la constitution de l'an
III!"
Il y eut ensuite un banquet ou les toasts les plus energiques furent
portes par les generaux et les officiers. Le general en chef porta
un premier toast aux braves Stengel, Laharpe, Dubois, morts au champ
d'honneur. "Puissent leurs manes, dit-il, veiller autour de nous, et
nous garantir des embuches de nos ennemis!" Des toasts furent ensuite
portes a la constitution de l'an III, au directoire, au conseil des
anciens, aux Francais assassines dans Verone, a la _reemigration des
emigres_, a l'union des republicains francais, a la destruction du club
de Clichy. On sonna le pas de charge a ce dernier toast. Des fetes
semblables eurent lieu dans toutes les villes ou se trouvaient les
divisions de l'armee, et elles furent celebrees avec le meme appareil.
Ensuite on redigea, dans chaque division, des adresses, encore plus
significatives que ne l'etait la proclamation du general en chef. Il
avait observe dans son langage une certaine dignite; mais tout le style
jacobin de 93 fut etale dans les adresses des differentes divisions de
l'armee. Les divisions Massena, Joubert, Augereau, se signalerent.
Celle d'Augereau surtout depassa toutes les bornes: _O conspirateurs_,
disait-elle, _tremblez! de l'Adige et du Rhin a la Seine, il n'y a qu'un
pas. Tremblez! vos iniquites sont comptees, et le prix en est au bout de
nos baionnettes!_
Ces adresses furent couvertes de milliers de signatures, et envoyees au
general en chef. Il les reunit, et les envoya au directoire, avec sa
proclamation, pour qu'elles fussent imprimees et publiees dans les
journaux. Une pareille demarche signifiait assez clairement qu'il etait
pret a marcher pour combattre la faction formee dans les conseils, et
preter son secours a l'execution d'un coup d'etat. En meme temps, comme
il savait le directoire divise, qu'il voyait la scene se compliquer, et
qu'il voulait etre instruit de tout, il choisit un de ces aides-de-camp,
M. de Lavalette, qui jouissait de toute sa confiance, et qui avait la
penetration necessaire pour bien juger les evenemens; il le fit partir
pour Paris avec ordre d
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