luder, pour satisfaire l'opinion et pour
prevenir un arrangement a l'egard des Pays-Bas, cette annee il voulait
sincerement traiter, sauf a ne faire de cette paix qu'un repos de deux
ou trois ans. Ce pur Anglais ne pouvait, en effet, consentir a laisser
definitivement les Pays-Bas a la France.
Tout prouvait sa sincerite, comme nous l'avons dit, et le choix de
lord Malmesbury, et la nature des instructions secretes donnees a ce
negociateur. Suivant l'usage de la diplomatie anglaise, tout etait
arrange pour qu'il y eut a la fois deux negociations, l'une officielle
et apparente, l'autre secrete et reelle. M. Ellis avait ete donne a lord
Malmesbury, pour conduire avec son assentiment la negociation secrete,
et correspondre directement avec Pitt. Cet usage de la diplomatie
anglaise est force dans un gouvernement representatif. Dans la
negociation officielle, on dit ce qui peut etre repete dans les
chambres, et on reserve pour la negociation secrete ce qui ne peut etre
publie. Dans le cas surtout ou le ministere est divise sur la question
de la paix, on communique les conferences secretes a la partie du
ministere qui autorise et dirige la negociation. La legation anglaise
arriva avec une nombreuse suite et un grand appareil a Lille, le 16
messidor (4 juillet).
Les negociateurs charges de representer la France etaient Letourneur,
sorti recemment du directoire, Pleville Le Peley, qui ne resta a Lille
que peu de jours a cause de sa nomination au ministere de la marine, et
Hugues Maret, depuis duc de Bassano. De ces trois ministres, le dernier
etait le seul capable de remplir un role utile dans la negociation.
Jeune, verse de bonne heure dans le monde diplomatique, il reunissait a
beaucoup d'esprit des formes qui etaient devenues rares en France
depuis la revolution. Il devait son entree dans les affaires a M. de
Talleyrand, et maintenant encore il s'etait concerte avec lui, pour que
l'un des deux eut le ministere des affaires etrangeres, et l'autre la
mission a Lille. M. Maret avait ete envoye deux fois a Londres dans les
premiers temps de la revolution; il avait ete bien recu par Pitt, et
avait acquis une, grande connaissance du cabinet anglais. Il etait donc
tres-propre a representer la France a Lille. Il s'y rendit avec ses deux
collegues, et ils y arriverent en meme temps que la legation anglaise.
Ce n'est pas ordinairement dans les conferences publiques que se font
reellement les affaires diplomatiques. Les negociateurs
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