SEILS SUR LA MARCHE DES TROUPES.--MESSAGE ENERGIQUE DU DIRECTOIRE A
CE SUJET.--DIVISIONS DANS LE PARTI DE L'OPPOSITION.--INFLUENCE DE
MADAME DE STAEL; TENTATIVE INFRUCTUEUSE DE RECONCILIATION.--REPONSE DES
CONSEILS AU MESSAGE DU DIRECTOIRE.--PLAN DEFINITIF DU DIRECTOIRE CONTRE
LA MAJORITE DES CONSEILS.--COUP D'ETAT DU 18 FRUCTIDOR.--ENVAHISSEMENT
DES DEUX CONSEILS PAR LA FORCE ARMEE.--DEPORTATION DE CINQUANTE-TROIS
DEPUTES ET DE DEUX DIRECTEURS, ET AUTRES CITOYENS.--DIVERSES LOIS
REVOLUTIONNAIRES SONT REMISES EN VIGUEUR.--CONSEQUENCE DE CETTE
REVOLUTION.
La nouvelle de l'arrivee des chasseurs de Richepanse, les details de
leur marche et de leurs propos, parvinrent au ministre Petiet le 28
messidor, jour meme ou le changement de ministere avait lieu. Petiet en
instruisit Carnot; et, a l'instant ou les deputes etaient accourus en
foule pour exhaler leurs ressentimens contre la majorite directoriale,
et exprimer leurs regrets aux ministres disgracies, ils apprirent en
meme temps la marche des troupes. Carnot dit que le directoire n'avait,
a sa connaissance, donne aucun ordre; que peut-etre les trois autres
directeurs avaient pris une deliberation particuliere, mais qu'alors
elle devait etre sur le registre secret; qu'il allait s'en assurer, et
qu'il ne fallait pas devoiler l'evenement, avant qu'il eut verifie
s'il existait des ordres. Mais on etait trop irrite pour garder aucune
mesure.
Le renvoi des ministres, la marche des troupes, la nomination de Hoche
a la place de Petiet, ne laisserent plus de doute sur les intentions du
directoire. On declara qu'evidemment le directoire voulait attenter a
l'inviolabilite des conseils, faire un nouveau 31 mai, et proscrire les
deputes fideles a la constitution. On se reunit chez Troncon-Ducoudray,
qui etait, dans les anciens, l'un des personnages les plus influens. Les
clichyens, suivant la coutume ordinaire des partis extremes, avaient vu
avec plaisir les moderes, c'est-a-dire les constitutionnels, decus dans
leurs esperances, et trompes dans leur projet de composer un ministere
a leur gre. Ils les consideraient comme dupes par Barras, et se
rejouissaient de la duperie. Mais le danger cependant leur parut grave,
quand ils virent s'avancer des troupes. Leurs deux generaux, Pichegru et
Willot, sachant que l'on courait chez Troncon-Ducoudray, pour conferer
sur les evenemens, s'y rendirent, quoique la reunion fut composee
d'hommes qui ne suivaient pas la meme direction. Pichegru n'
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