ompromis par leur zele ou leur participation active a la
revolution, il y avait les patriotes moderes, d'une classe superieure,
qui, approuvant plus ou moins la marche du directoire, voulaient
neanmoins la republique appuyee sur les lois, et voyaient le peril
imminent auquel elle etait exposee par la reaction. Ceux-la repondaient
parfaitement aux intentions de Rewbell et Larevelliere, et pouvaient
donner un secours, sinon de force, au moins d'opinion au directoire. On
les voyait alternativement dans les salons de Barras, qui representait
pour ses collegues, ou dans ceux de madame de Stael, qui n'avait point
quitte Paris, et qui, par le charme de son esprit, reunissait toujours
autour d'elle ce qu'il y avait de plus brillant en France. Benjamin
Constant y occupait le premier rang par son esprit, et par les ecrits
qu'il avait publies en faveur du directoire. On y voyait aussi M. de
Talleyrand, qui, raye de la liste des emigres, vers les derniers temps
de la convention, etait a Paris avec le desir de rentrer dans la
carriere des grands emplois diplomatiques. Ces hommes distingues,
composant la societe du gouvernement, avaient resolu de former une
reunion qui contre-balancat l'influence de Clichy, et qui discutat dans
un sens contraire les questions politiques. Elle fut appelee cercle
constitutionnel. Elle reunit bientot tous les hommes que nous venons de
designer, et les membres des conseils qui votaient avec le directoire,
c'est-a-dire presque tout le dernier tiers conventionnel. Les membres du
corps legislatif, qui s'intitulaient constitutionnels, auraient du se
rendre aussi dans le nouveau cercle, car leur opinion etait la meme;
mais brouilles d'amour-propre avec le directoire, par leurs discussions
dans le corps legislatif, ils persistaient a rester a part, entre le
cercle constitutionnel et Clichy, a la suite des directeurs Carnot et
Barthelemy, des deputes Troncon-Ducoudray, Portalis, Lacuee, Dumas,
Doulcet-Pontecoulant, Simeon, Thibaudeau. Benjamin Constant parla
plusieurs fois dans le cercle constitutionnel. On y entendit aussi M.
de Talleyrand. Cet exemple fut imite, et des cercles du meme genre,
composes, il est vrai, d'hommes moins eleves et de patriotes moins
mesures, se formerent de toutes parts. Le cercle constitutionnel s'etait
ouvert le 1er messidor an V, un mois apres le 1er prairial. En tres peu
de temps il y en eut de pareils dans toute la France; les patriotes les
plus chauds s'y reunirent, et par une rea
|