, et ils
veulent influer sur le choix, autant dans l'interet de leur opinion que
dans celui de leur ambition. Mais si, dans les partis, il en est un qui
souhaite plus qu'une simple modification dans la marche du gouvernement
et qui aspire a renverser le regime existant, celui-la, redoutant les
reconciliations, veut autre chose qu'un changement de ministere, ne s'en
mele pas, ou s'en mele pour l'empecher. Pichegru et les clichyens,
qui etaient dans la confidence du complot, mettaient peu d'interet au
changement du ministere. Cependant ils s'etaient approches de Carnot
pour s'entretenir avec lui; mais c'etait plutot un pretexte pour le
sonder et decouvrir ses intentions secretes, que pour arriver a un
resultat qui etait fort insignifiant a leurs yeux. Carnot s'etait
prononce avec eux franchement et par ecrit, en repondant aux membres qui
lui avaient fait des ouvertures. Il avait declare qu'_il perirait plutot
que de laisser entamer la constitution ou deshonorer les pouvoirs
qu'elle avait institues_ (expressions textuelles de l'une de ses
lettres). Il avait ainsi reduit ceux qui venaient le sonder a ne parler
que de projets constitutionnels, tels qu'un changement de ministere.
Quant aux constitutionnels et a ceux des clichyens qui etaient moins
engages dans la faction, ils voulaient sincerement obtenir une
revolution ministerielle et s'en tenir la. Ceux-ci se grouperent donc
autour de Carnot. Les membres des anciens et des cinq-cents, qu'on a
deja designes, Portalis, Troncon-Ducoudray, Lacuee, Dumas, Thibaudeau,
Doulcet-Pontecoulant, Simeon, Emery et autres, s'entretinrent avec
Carnot et Barthelemy, et discuterent les changemens a faire dans
le ministere. Les deux ministres dont ils demandaient surtout le
remplacement, etaient Merlin, ministre de la justice, et Ramel, ministre
des finances. Ayant attaque particulierement le systeme financier, ils
etaient plus animes contre le ministre des finances que contre aucun
autre. Ils demandaient aussi le renvoi de Truguet et de Charles
Delacroix. Naturellement ils voulaient garder Cochon, Petiet et
Benezech. Les deux directeurs Barthelemy et Carnot n'etaient pas
difficiles a persuader. Le faible Barthelemy n'avait pas d'avis
personnel; Carnot voyait tous ses amis dans les ministres conserves,
tous ses ennemis dans les ministres rejetes. Mais le projet, commode
a former dans les coteries des constitutionnels, n'etait pas facile a
faire agreer aux trois autres directeurs, qui, ayant u
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