n parti pris,
voulaient justement renvoyer ceux que les constitutionnels tenaient a
conserver.
Carnot, qui ne connaissait pas l'union formee entre ses trois collegues,
Rewbell, Larevelliere et Barras, et qui ne savait pas que Larevelliere
etait le lien des deux autres, espera qu'il serait plus facile a
detacher. Il conseilla donc aux constitutionnels de s'adresser a
lui, pour tacher de l'amener a leurs vues. Ils se rendirent chez
Larevelliere, et trouverent sous sa moderation une fermete invincible.
Larevelliere, peu habitue, comme tous les hommes de ce temps, a la
tactique des gouvernemens representatifs, ne pensait pas qu'on put
negocier pour des choix de ministres. "Faites votre role, disait-il aux
deputes, c'est-a-dire faites des lois; laissez-nous le notre, celui de
choisir les fonctionnaires publics. Nous devons diriger notre choix
d'apres notre conscience et l'opinion que nous avons du merite des
individus, non d'apres l'exigence des partis." Il ne savait pas
encore, et personne ne savait alors, qu'il faut composer un ministere
d'influences, et que ces influences il faut les prendre dans les partis
existants; que le choix de tel ou tel ministre, etant une garantie de
la direction qu'on va suivre, peut devenir un objet de negociation.
Larevelliere avait encore d'autres raisons de repousser une transaction;
il avait la conscience que lui et son ami Rewbell n'avaient jamais voulu
et vote que le bien; il etait assure que la majorite directoriale,
quelles que fussent les vues personnelles des directeurs, n'avait
jamais vote autrement; qu'en finances, sans pouvoir empecher toutes les
malversations subalternes, elle avait du moins administre loyalement,
et le moins mal possible dans les circonstances; qu'en politique elle
n'avait jamais eu d'ambition personnelle, et n'avait rien fait pour
etendre ses prerogatives; que, dans la direction de la guerre, elle
n'avait aspire qu'a une paix prompte, mais honorable et glorieuse.
Larevelliere ne pouvait donc comprendre et admettre les reproches
adresses au directoire. Sa bonne conscience les lui rendait
inintelligibles. Il ne voyait plus dans les clichyens que des
conspirateurs perfides, et dans les constitutionnels que des
amours-propres froisses. Avec tout le monde encore, il ignorait qu'il
faut admettre l'humeur bien ou mal fondee des partis comme un fait,
et compter avec toutes les pretentions, meme celles de l'amour-propre
blesse. D'ailleurs, ce qu'offraient les constitut
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