e comme sa bienfaitrice et sa mere. Dans les cachots du
comite de salut public, ses sentimens ne s'etaient point attiedis; dans
la Vendee, ils s'etaient renforces en luttant avec les royalistes. En
vendemiaire, il etait tout pret a voler au secours de la convention, et
il avait deja mis vingt mille hommes en mouvement, lorsque la vigueur
de Bonaparte, dans la journee du 13, le dispensa de marcher plus avant.
Ayant dans sa capacite politique une raison de se meler des affaires
que Moreau n'avait pas, ne jalousant pas Bonaparte, mais impatient de
l'atteindre dans la carriere de la gloire, il etait devoue de coeur a la
republique, et pret a la servir de toutes les manieres, sur le champ de
bataille ou au milieu des orages politiques. Deja nous avons eu occasion
de dire qu'a une prudence consommee il joignait une ardeur et une
impatience de caractere extraordinaires. Prompt a se jeter dans les
evenemens, il offrit son bras et sa vie au directoire. Ainsi la force
materielle ne manquait pas au gouvernement; mais il fallait l'employer
avec prudence et surtout avec a-propos.
De tous les generaux, Hoche etait celui qu'il convenait le plus au
directoire d'employer. Si la gloire et le caractere de Bonaparte
pouvaient inspirer quelque ombrage, il n'en etait pas de meme de Hoche.
Ses victoires de Wissembourg en 1793, sa belle pacification de la
Vendee, sa recente victoire a Neuwied, lui donnaient une belle gloire,
et une gloire variee, ou l'estime pour l'homme d'etat se melait a
l'estime pour le guerrier; mais cette gloire n'avait rien qui put
effrayer la liberte. A faire intervenir un general dans les troubles de
l'etat, il valait mieux s'adresser a lui qu'au geant qui dominait en
Italie. C'etait le general cheri des republicains, celui sur lequel ils
reposaient leur pensee sans aucune crainte. D'ailleurs, son armee etait
la plus rapprochee de Paris. Vingt mille hommes pouvaient, au besoin, se
trouver, en quelques marches, dans la capitale, et y seconder de leur
presence le coup de vigueur que le directoire avait resolu de frapper.
C'est a Hoche que songerent les trois directeurs Barras, Rewbell et
Larevelliere. Cependant Barras, qui etait fort agissant, fort habile a
l'intrigue, et qui voulait, dans cette nouvelle crise, se charger de
l'honneur de l'execution, Barras ecrivit, a l'insu de ses collegues, a
Hoche, avec lequel il etait en relation, et lui demanda son intervention
dans les evenemens qui se preparaient. Hoche n'hesita
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