emens
aristocratiques, et des progres de la revolution en Italie. Dumolard,
cet orateur diffus, qui depuis pres de deux ans ne cessait de combattre
le directoire dans les cinq-cents, resolut de faire une motion
relativement aux evenemens de Venise et de Genes. La tentative etait
hardie; car on ne pouvait attaquer le directoire sans attaquer le
general Bonaparte. Il fallait braver pour cela l'admiration universelle,
et une influence devenue colossale depuis que le general avait oblige
l'Autriche a la paix, et que, negociateur et guerrier, il semblait
regler a Milan les destinees de l'Europe. Tous les clichyens qui avaient
conserve quelque raison, firent leurs efforts pour dissuader Dumolard de
son projet; mais il persista, et dans la seance du 5 messidor (23 juin),
il fit une motion d'ordre sur les evenemens de Venise. "La renommee,
dit-il, dont on ne peut comprimer l'essor, a seme partout le bruit de
nos conquetes sur les Venitiens, et de la revolution etonnante qui les
a couronnees. Nos troupes sont dans leur capitale; leur marine nous est
livree; le plus ancien gouvernement de l'Europe est aneanti; il reparait
en un clin d'oeil sous des formes democratiques; nos soldats enfin
bravent les flots de la mer Adriatique, et sont transportes a Corfou
pour achever la revolution nouvelle.... Admettez ces evenemens pour
certains, il suit que le directoire a fait en termes deguises la guerre,
la paix, et sous quelques rapports, un traite d'alliance avec Venise, et
tout cela sans votre concours.... Ne sommes-nous donc plus ce peuple
qui a proclame en principe, et soutenu par la force des armes, qu'il
n'appartient, sous aucun pretexte, a des puissances etrangeres de
s'immiscer dans la forme du gouvernement d'un autre etat? Outrages par
les Venitiens, etait-ce a leurs institutions politiques que nous
avions le droit de declarer la guerre? Vainqueurs et conquerans,
nous appartenait-il de prendre une part active a leur revolution, en
apparence inopinee? Je ne rechercherai point ici quel est le sort que
l'on reserve a Venise, et surtout a ses provinces de terre-ferme. Je
n'examinerai point si leur envahissement, medite peut-etre avant les
attentats qui lui servirent de motifs, n'est pas destine a figurer dans
l'histoire comme un digne pendant du partage de la Pologne. Je veux bien
arreter ces reflexions, et je demande, l'acte constitutionnel a la main,
comment le directoire peut justifier l'ignorance absolue dans laquelle
il cherche a
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