jours que les empoisonnemens. Clarke a ete
destitue a la suite de fructidor, et il etait dans le parti Carnot. Il
est peu probable qu'il se pretat a fabriquer des pieces pour appuyer
fructidor. Ensuite la piece etait fort insuffisante pour l'usage auquel
on la destinait; et a faire un faux on l'aurait fait suffisant. Tout
prouve donc le mensonge de M. de Montgaillard.]
Le directoire la tint secrete, comme la declaration de Duverne de
Presle, attendant l'occasion de s'en servir utilement. Mais il n'eut
plus de doute alors sur le role de Pichegru dans le conseil des
cinq-cents; il s'expliqua ses defaites, sa conduite bizarre, ses mauvais
procedes, son refus d'aller a Stockholm, et son influence sur les
Clichyens. Il supposa qu'a la tete de cent quatre-vingts deputes ses
complices, il preparait la contre-revolution.
Les cinq directeurs etaient divises depuis la nouvelle direction que
Carnot avait prise, et qui etait suivie par Barthelemy. Il ne restait
de devoues au systeme du gouvernement que Barras, Rewbell et
Larevelliere-Lepaux. Ces trois directeurs n'etaient point eux-memes
fort unis, car Rewbell, conventionnel modere, haissait dans Barras un
partisan de Danton, et avait en outre la plus grande aversion pour ses
moeurs et son caractere. Larevelliere avait quelques liaisons avec
Rewbell, mais peu de rapports avec Barras. Les trois directeurs
n'etaient rapproches que par la conformite habituelle de leur vote.
Tous trois etaient fort irrites et fort prononces contre la faction de
Clichy. Barras, quoiqu'il recut chez lui les emigres par suite de sa
facilite de moeurs, ne cessait de dire qu'il monterait a cheval, qu'il
mettrait le sabre a la main, et, a la tete des faubourgs, irait sabrer
tous les contre-revolutionnaires des cinq-cents. Rewbell ne s'exprimait
pas de la sorte; il voyait tout perdu; et, quoique resolu a faire son
devoir, il croyait que ses collegues et lui n'auraient bientot plus
d'autre ressource que la fuite. Larevelliere-Lepaux, doue d'autant de
courage que de probite, pensait qu'il fallait faire tete a l'orage, et
tout tenter pour sauver la republique. Le coeur exempt de haine, il
pouvait servir de lien entre Barras et Rewbell, et il avait resolu de
devenir leur intermediaire. Il s'adressa d'abord a Rewbell, dont il
estimait profondement la probite et les lumieres, et lui expliquant ses
intentions, lui demanda s'il voulait concourir a sauver la revolution.
Rewbell accueillit chaudement ses ouvertures,
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