ui se retiraient des
qu'un ancien proprietaire faisait acheter ses terres sous des noms
supposes, permettaient aux emigres de rentrer dans leur patrimoine avec
de tres faibles sommes. Les pretres surtout revenaient en foule. Ils
etaient recueillis par toutes les devotes de France, qui les logeaient,
les nourrissaient, leur elevaient des chapelles dans leurs maisons, et
les entretenaient d'argent au moyen des quetes. L'ancienne hierarchie
ecclesiastique etait clandestinement retablie. Aucune des nouvelles
circonscriptions de la constitution civile du clerge n'etait reconnue.
Les anciens dioceses existaient encore; des eveques et des archeveques
les administraient secretement, et correspondaient avec Rome. C'etait
par eux et par leur ministere que s'exercaient toutes les pratiques du
culte catholique; ils confessaient, baptisaient, mariaient les personnes
restees fideles a l'ancienne religion. Tous les chouans oisifs
accouraient a Paris et s'y reunissaient aux emigres, qui s'y trouvaient,
disait-on, au nombre de plus de cinq mille. En voyant la conduite des
cinq-cents et les perils du directoire, ils croyaient qu'il suffisait de
quelques jours pour amener la catastrophe depuis si long-temps desiree.
Ils remplissaient leur correspondance avec l'etranger de leurs
esperances. Aupres du prince de Conde, dont le corps se retirait en
Pologne, aupres du pretendant qui etait a Blankembourg, aupres du comte
d'Artois qui etait en Ecosse, on montrait la plus grande joie. Avec
cette meme ivresse qu'on avait eue a Coblentz, lorsqu'on croyait rentrer
dans quinze jours a la suite du roi de Prusse, on faisait de nouveau
aujourd'hui des projets de retour; on en parlait, on en plaisantait
comme d'un evenement tres prochain. Les villes voisines des frontieres
se remplissaient de gens qui attendaient avec impatience le moment de
revoir la France. A tous ces indices il faut joindre enfin le langage
forcene des journaux royalistes, dont la fureur augmentait avec la
temerite et les esperances du parti.
Le directoire etait instruit par sa police de tous ces mouvemens. La
conduite des emigres, la marche des cinq-cents, s'accordaient avec
la declaration de Duverne de Presle pour demontrer l'existence d'un
veritable complot. Duverne de Presle avait denonce, sans les nommer,
cent quatre-vingts deputes comme complices. Il n'avait designe
nominativement que Lemerer et Mersan, et avait dit que les autres
etaient tous les societaires de Clichy. En cela
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