on avait ordonne la perception sur les
roles provisoires, de trois cinquiemes de la contribution fonciere et
personnelle. Mais les roles, comme on l'a deja dit, mal faits par les
administrations locales, a cause de la variation continuelle des lois
fiscales, et surcharges d'emargemens, donnaient lieu a des difficultes
sans nombre. La mauvaise volonte des contribuables ajoutait encore a ces
difficultes, et la recette etait lente. Outre l'inconvenient d'arriver
tard elle etait fort au-dessous de ce qu'on l'avait imaginee. La
contribution fonciere faisait prevoir tout au plus 200 millions de
produit, au lieu de 250. Les differens revenus, tels que timbre,
enregistrement, patentes, douanes et postes, ne faisaient esperer que
100 millions au lieu de 150. Tel etait le deficit dans les revenus
ordinaires, destines a faire face a la depense ordinaire. Il n'etait pas
moindre dans l'extraordinaire. On avait negocie les bons des acquereurs
nationaux pour le prix du dernier quart, avec grand desavantage. Pour ne
pas faire les memes pertes sur les rescriptions bataves, on les avait
engagees pour une somme tres inferieure a leur valeur. Les biens se
vendaient tres lentement, aussi la detresse etait-elle extreme. L'armee
d'Italie avait vecu avec les contributions qu'elle levait; mais les
armees du Rhin, de Sambre-et-Meuse, de l'interieur, les troupes de
la marine, avaient horriblement souffert. Plusieurs fois les troupes
s'etaient montrees pretes a se revolter. Les etablissemens publics et
les hopitaux etaient dans une horrible penurie. Les fonctionnaires
publics ne touchaient pas.
Il avait fallu recourir a des expediens de toute espece. Ainsi, comme
nous l'avons rapporte (t. VIII), on recourut a des delais, pour
l'accomplissement de certaines obligations. On ne payait les rentiers
qu'un quart en numeraire, et trois quarts en bons acquittables en biens
nationaux, appeles _bons des trois quarts_. Le service de la dette
consolidee, de la dette viagere et des pensions, s'elevait a 248
millions; par consequent ce n'etait guere que 62 millions a payer, et la
depense ordinaire se trouvait ainsi reduite de 186 millions. Mais malgre
cette reduction, la depense n'en etait pas moins au-dessus des recettes.
Quoiqu'on eut etabli une distinction entre la depense ordinaire
et extraordinaire, on ne l'observait pas dans les paiemens de la
tresorerie. On fournissait a la depense extraordinaire avec les
ressources destinees a la depense ordinaire; c'
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