bles reclamations? Si au lieu
d'en faire l'un des griefs du grand proces intente au directoire, on eut
attendu un moment plus convenable, donne aux passions le temps de se
calmer, au gouvernement celui de se rassurer, on aurait infailliblement
obtenu les concessions desirees. Mais par cela seul que les
contre-revolutionnaires en faisaient une condition, les patriotes s'y
opposaient; car on veut toujours le contraire de ce que veut un ennemi.
En entendant le bruit des cloches, ils auraient cru entendre le tocsin
de la contre-revolution. Chaque parti veut que l'on comprenne et
satisfasse ses passions, et ne veut ni comprendre ni admettre celles
du parti contraire. Les patriotes avaient leurs passions composees
d'erreurs, de craintes, de haines, qu'il fallait aussi comprendre et
menager. Ce rapport fit une sensation extraordinaire, car il touchait
aux ressentimens les plus vifs et les plus profonds. Il fut l'acte le
plus frappant et le plus dangereux des clichyens, quoique au fond le
plus fonde. Les patriotes y repondirent mal, en disant qu'on proposait
de recompenser la violation des lois, par l'abrogation des lois violees.
Il faut en effet abroger les lois inexecutables.
A toutes ces exigences, les clichyens ajouterent des vexations de toute
espece contre le directoire, au sujet des finances. C'etait la l'objet
important, au moyen duquel ils se proposaient de le tourmenter et de le
paralyser. Nous avons expose deja (tome VIII), en donnant l'apercu des
ressources financieres pour l'an V (1797), quelles etaient les recettes
et les depenses presumees de cette annee. On avait a suffire a 450
millions de depenses ordinaires au moyen des 250 millions de la
contribution fonciere, des 50 millions de la contribution personnelle,
et des 150 millions du timbre, de l'enregistrement, des patentes, des
postes et des douanes. On devait pourvoir aux 550 millions de la depense
extraordinaire, avec le dernier quart du prix des biens nationaux
soumissionnes l'annee precedente, s'elevant a 100 millions, et exige
en billets de la part des acquereurs, avec le produit des bois et
du fermage des biens nationaux, l'arriere des contributions, les
rescriptions bataves, la vente du mobilier national, differents produits
accessoires, enfin avec l'eternelle ressource des biens restant a
vendre. Mais tous ces moyens etaient insuffisans, et tres au-dessous
de leur valeur presumee. Les recettes et depenses de l'annee n'etant
reglees que provisoirement,
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