prive de tous les moyens qui l'avaient fait vivre jusqu'ici, et lui
avaient permis, dans l'impossibilite de satisfaire a tous les besoins,
de pourvoir au moins aux plus pressans. Les mesures adoptees, fort
bonnes pour etablir l'ordre dans un temps calme, etaient effrayantes
dans la situation ou l'on se trouvait. Les constitutionnels firent de
vains efforts, dans les cinq-cents, pour les combattre. Elles passerent;
et il ne resta plus d'espoir que dans le conseil des anciens.
Les constitutionnels, ennemis moderes du directoire, voyaient avec la
plus grande peine la marche imprimee au conseil des cinq cents. Ils
avaient espere que l'adjonction d'un nouveau tiers leur serait plutot
utile que nuisible, qu'elle aurait pour unique effet de changer la
majorite, et qu'ils deviendraient les maitres du corps legislatif. Leur
chef, Carnot, avait concu les memes illusions; mais les uns et les
autres se voyaient entraines bien au-dela du but, et pouvaient
s'apercevoir dans cette occasion, comme dans toutes les autres, que
derriere chaque opposition se cachait la contre-revolution avec ses
mauvaises pensees. Ils avaient beaucoup plus d'influence chez les
anciens que chez les cinq-cents, et ils s'efforcerent de provoquer le
rejet des resolutions relatives aux finances. Carnot y avait un ami
devoue dans le depute Lacuee; il avait aussi des liaisons avec Dumas,
ancien membre de la legislative. Il pouvait compter sur l'influence de
Portalis, Troncon-Ducoudray, Lebrun, Barbe-Marbois, tous adversaires
moderes du directoire, et blamant les emportemens du parti clichyen.
Grace aux efforts reunis de ces deputes, et aux dispositions du conseil
des anciens, les premieres propositions de Gilbert-Desmolieres,
qui interdisaient au directoire de diriger les negociations de la
tresorerie, de fixer l'ordre des paiemens, et de confondre l'ordinaire
avec l'extraordinaire, furent rejetees. Ce rejet causa une grande
satisfaction aux constitutionnels, et en general a tous les hommes
moderes qui redoutaient une lutte. Carnot en fut extremement joyeux. Il
espera de nouveau qu'on pourrait contenir les clichyens par le conseil
des anciens, et que la direction des affaires resterait a ses amis et a
lui.
Mais ce n'etait la qu'un mediocre palliatif. Le club de Clichy retentit
des plus violentes declamations contre les anciens, et de nouveaux
projets d'accusation contre le directoire. Gilbert-Desmolieres reprit
ses premieres propositions rejetees par les anci
|