e faveur fut meritee pour beaucoup de meridionaux, qui
ne s'etaient refugies a Toulon, et de Toulon sur les escadres anglaises,
que pour se soustraire a la proscription encourue par les federalistes,
neanmoins elle rappelait et semblait amnistier l'attentat le plus
criminel de la faction contre-revolutionnaire, et devait indigner les
patriotes. La discussion sur les colonies, et sur la conduite des agens
du directoire a Saint-Domingue, amena un eclat violent. La commission
chargee de cet objet, et composee de Tarbe, Villaret-Joyeuse, Vaublanc,
Bourdon (de l'Oise), fit un rapport ou la convention etait traitee
avec la plus grande amertume. Le conventionnel Marec y etait accuse de
n'avoir pas resiste _a la tyrannie avec l'energie de la vertu_. A ces
mots, qui annoncaient l'intention souvent manifestee d'outrager les
membres de la convention, tous ceux qui siegeaient encore dans les
cinq-cents s'elancerent a la tribune, et demanderent un rapport redige
d'une maniere plus digne du corps legislatif. La scene fut des plus
violentes. Les conventionnels, appuyes des deputes moderes, obtinrent
que le rapport fut renvoye a la commission. Carnot influa sur la
commission par le moyen de Bourdon (de l'Oise), et les dispositions du
decret projete furent modifiees. D'abord on avait propose d'interdire
au directoire la faculte d'envoyer des agens dans les colonies; on lui
laissa cette faculte, en limitant le nombre des agens a trois, et la
duree de leur mission a dix-huit mois. Santhonax fut rappele. Les
constitutionnels, voyant qu'ils avaient pu, en se reunissant aux
conventionnels, arreter la fougue des clichyens, crurent qu'ils allaient
devenir les moderateurs du corps legislatif. Mais les seances suivantes
allaient bientot les detromper.
Au nombre des objets les plus importans dont les nouveaux elus de
proposaient de s'occuper, etaient le culte et les lois sur les pretres.
La commission chargee de cette grave matiere, nomma pour son rapporteur
le jeune Camille Jordan, dont l'imagination s'etait exaltee aux horreurs
du siege de Lyon, et dont la sensibilite, quoique sincere, n'etait pas
sans pretentions. Le rapporteur fit une dissertation fort longue et fort
ampoulee sur la liberte des cultes. Il ne suffisait pas, disait-il, de
permettre chacun l'exercice de son culte, mais il fallait, pour que la
liberte fut reelle, ne rien exiger qui fut en contradiction avec les
croyances. Ainsi, par exemple, le serment exige des pretres, quoique
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