sur la liste des candidats presentes aux anciens, Massena, porte
par cent quatre-vingt-sept suffrages; Kleber, par cent soixante-treize;
Augereau, par cent trente-neuf. Un nombre de deputes voulaient appeler
au gouvernement l'un des generaux divisionnaires les plus distingues
dans les armees.
[Note 6: On lit dans une foule d'histoires que Letourneur sortit par
un arrangement volontaire. Le directeur Larevelliere-Lepaux, dans des
memoires precieux et inedits, assure le contraire. Pour qui a connu ce
vertueux citoyen, incapable de mentir, son assertion est une preuve
suffisante. Mais on n'a plus aucun doute en lisant le memoire de Carnot,
ecrit apres le 18 fructidor. Dans ce memoire plein de fiel, et qui est a
deplorer pour la gloire de Carnot, il assure que tous ces arrangemens
ne sont qu'une vaine supposition. Il n'avait certes aucun interet
a justifier ses collegues, contre lesquels il etait plein de
ressentiment.]
Barthelemy fut elu par les anciens; et, malgre la fable inventee pour
lui gagner des voix, il repondit de suite qu'il acceptait les fonctions
de directeur. Son introduction au directoire a la place de Letourneur
n'y changeait nullement les influences. Barthelemy n'etait pas plus
capable d'agir sur ses collegues que Letourneur; il allait voter de
la meme maniere, et faire par position ce que Letourneur faisait par
devouement a la personne de Carnot.
Les membres de la societe de Clichy, _les clichyens_, comme on les
appelait, se mirent a l'oeuvre des le 1er prairial, et annoncerent
les intentions les plus violentes. Peu d'entre eux etaient dans la
confidence des agens royalistes. Lemerer, Mersan, Imbert-Colomes,
Pichegru, et peut-etre Willot, etaient seuls dans le secret. Pichegru,
d'abord en correspondance avec Conde et Wickam, venait d'etre mis en
relation directe avec le pretendant. Il recut de grands encouragemens,
de superbes promesses, et de nouveaux fonds, qu'il accepta encore, sans
etre plus certain qu'auparavant de l'usage qu'il en pourrait faire.
Il promit beaucoup, et dit qu'il fallait, avant de prendre un parti,
observer la nouvelle marche des choses. Froid et taciturne, il affectait
avec ses complices, et avec tout le monde, le mystere d'un esprit
profond et le recueillement d'un grand caractere. Moins il parlait, plus
on lui supposait de combinaisons et de moyens. Le plus grand nombre
des clichyens ignoraient sa mission secrete. Le gouvernement lui-meme
l'ignorait, car Duverne de Presle n'e
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