bres, c'est-a-dire un peu plus de la moitie, furent presens. La
proposition fut faite au milieu d'un morne silence. Deja cette question
avait ete agitee, sur une communication du ministre Lallemant au senat;
et on avait decide alors de renvoyer les modifications a d'autres temps.
Mais cette fois on sentit qu'il n'etait plus possible de recourir a des
moyens dilatoires. La proposition du doge fut adoptee par cinq cent
quatre-vingt-dix-huit voix. Elle portait que deux commissaires envoyes
par le senat, seraient autorises a negocier avec le general Bonaparte,
et a traiter meme des objets qui etaient de la competence du grand
conseil, c'est-a-dire des objets constitutionnels, sauf ratification.
Les deux commissaires partirent sur-le-champ et trouverent Bonaparte sur
le bord des lagunes, au pont de Marghera. Il disposait ses troupes,
et les artilleurs francais echangeaient deja des boulets avec les
canonnieres venitiennes. Les deux commissaires lui remirent la
deliberation du grand conseil. Un instant il parut frappe de cette
determination; puis, reprenant un ton brusque, il leur dit: "Et les
trois inquisiteurs d'etat, et le commandant du Lido, sont-ils arretes?
Il me faut leurs tetes. Point de traite jusqu'a ce que le sang francais
soit venge. Vos lagunes ne m'effraient pas; je les trouve telles que je
l'avais prevu. Dans quinze jours je serai a Venise. Vos nobles ne se
deroberont a la mort qu'en allant comme les emigres francais trainer
leur misere par toute la terre." Les deux commissaires firent tous leurs
efforts pour obtenir un delai de quelques jours, afin de convenir des
satisfactions qu'il desirait. Il ne voulait accorder que vingt-quatre
heures. Cependant il consentit a accorder six jours de suspension
d'armes, pour donner aux commissaires venitiens le temps de venir le
rejoindre a Mantoue, avec l'adhesion du grand conseil a toutes les
conditions imposees.
Bonaparte, satisfait d'avoir jete l'epouvante chez les Venitiens, ne
voulait pas en venir a des hostilites reelles, parce qu'il appreciait la
difficulte d'emporter les lagunes, et qu'il prevoyait une intervention
de l'Autriche. Un article des preliminaires portait que tout ce
qui etait relatif a Venise serait regle d'accord avec la France et
l'Autriche. S'il y entrait de vive force, on se plaindrait a Vienne de
la violation des preliminaires, et de toutes manieres il lui convenait
mieux de les amener a se soumettre. Satisfait de les avoir effrayes, il
partit p
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