la cour de Naples a prendre les armes, et qui,
enfin, en renversant le gouvernement etabli, ruinerait pour le moment
les finances romaines, et empecherait de tirer du pays les 20 ou 30
millions dont on avait besoin. Il pensait que le Saint-Siege, prive
de ses plus belles provinces au profit de la Cispadane, et expose au
voisinage de la nouvelle republique, serait bientot atteint par la
contagion revolutionnaire, et succomberait sous peu de temps. Cette
politique etait habile, et l'avenir en prouva la justesse. Il attendit
donc a Tolentino les effets de la clemence et de la peur.
Les prisonniers renvoyes etaient alles, en effet, dans toutes les
parties de l'etat romain, et surtout a Rome, repandre les bruits les
plus favorables a l'armee francaise, et calmer les ressentimens excites
contre elle. Le general des Camaldules arriva au Vatican, au moment ou
le pape allait monter en voiture pour quitter Rome. Ce prince, rassure
par ce que lui dit ce religieux, renonca a quitter sa capitale, congedia
le secretaire d'etat Busca, et depecha a Tolentino, pour traiter avec
le general francais, le cardinal Mattei, le prelat Galeppi, le marquis
Massimi, et son neveu le duc de Braschi. Ils avaient plein pouvoir de
traiter, pourvu que le general n'exigeat aucun sacrifice relatif a la
foi. Le traite devenait des lors tres facile, car sur les articles de
foi, le general francais n'etait nullement exigeant. Le traite fut
arrete en quelques jours, et signe a Tolentino le 1er ventose (19
fevrier). Voici quelles en etaient les conditions. Le pape revoquait
tout traite d'alliance contre la France, reconnaissait la republique, et
se declarait en paix et en bonne intelligence avec elle. Il lui cedait
tous ses droits sur le Comtat Venaissin, il abandonnait definitivement
a la republique cispadane les legations de Bologne et de Ferrare, et
en outre la belle province de la Romagne. La ville et l'importante
citadelle d'Ancone restaient au pouvoir de la France jusqu'a la paix
generale. Les deux provinces du duche d'Urbin et de Macerata, que
l'armee francaise avait envahies, etaient restituees au pape, moyennant
la somme de 15 millions. Pareille somme devait etre payee conformement
a l'armistice de Bologne, non encore execute. Ces 30 millions etaient
payables deux tiers en argent et un tiers en diamants, ou pierres
precieuses. Le pape devait fournir en outre huit cents chevaux de
cavalerie, huit cents chevaux de trait, des buffles, et autres produits
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