du territoire de l'Eglise. Il devait desavouer l'assassinat de
Basseville, et faire payer 300,000 francs, tant a ses heritiers qu'a
ceux qui avaient souffert par suite du meme evenement. Tous les objets
d'art et manuscrits, cedes a la France par l'armistice de Bologne,
devaient etre sur-le-champ diriges sur Paris.
Tel fut le traite de Tolentino, qui valait a la republique cispadane,
outre les legations de Bologne et de Ferrare, la belle province de la
Romagne, et qui procurait a l'armee un subside de 30 millions, plus que
suffisant pour la campagne qu'on allait faire. Quinze jours avaient
suffi a cette expedition. Pendant qu'on negociait ce traite, Bonaparte
sut imposer a la cour de Naples, et se debarrasser d'elle. Avant de
quitter Tolentino, il fit un acte assez remarquable, et qui deja
prouvait sa politique personnelle. L'Italie et particulierement les
etats du pape regorgeaient de pretres francais bannis. Ces malheureux,
retires dans les couvens, n'y etaient pas toujours recus avec beaucoup
de charite. Les arretes du directoire leur interdisaient les pays
occupes par nos armees, et les moines italiens n'etaient pas faches d'en
etre delivres par l'approche de nos troupes. Ces infortunes etaient
reduits au desespoir. Eloignes depuis long-temps de leur patrie, exposes
a tous les dedains de l'etranger, ils pleuraient en voyant nos soldats;
ils en reconnurent meme quelques-uns dont ils avaient ete cures dans les
villages de France. Bonaparte etait facile a emouvoir; d'ailleurs il
tenait a se montrer exempt de toute espece de prejuges revolutionnaires
ou religieux: il ordonna par un arrete a tous les couvens du Saint-Siege
de recevoir les pretres francais, de les nourrir, et de leur donner
une paie. Il ameliora ainsi leur etat, loin de les mettre en fuite. Il
ecrivit au directoire les motifs qu'il avait eus en commettant cette
infraction a ses arretes. "En faisant, dit-il, des battues continuelles
de ces malheureux, on les oblige a rentrer chez eux. Il vaut mieux
qu'ils soient en Italie qu'en France; ils nous y seront utiles. Ils sont
moins fanatiques que les pretres italiens, ils eclaireront le peuple
qu'on excite contre nous. D'ailleurs, ajoutait-il, ils pleurent en nous
voyant; comment n'avoir pas pitie de leur infortune?" Le directoire
approuva sa conduite. Cet acte et sa lettre publies produisirent une
sensation tres grande.
Il revint sur-le-champ vers l'Adige, pour executer la marche militaire
la plus hardie do
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