l n'avait
pas mission pour negocier; c'est Clarke qui etait revetu de tous les
pouvoirs a cet egard, et Clarke, qu'il avait mande, n'etait point encore
arrive au quartier-general. Mais il pouvait considerer les preliminaires
de la paix comme un armistice, ce qui etait dans les attributions des
generaux; d'ailleurs il etait certain que Clarke signerait tout ce qu'il
aurait fait, et il entra sur-le-champ en pourparler. Le plus grand souci
de l'empereur et de ses envoyes etait le reglement de l'etiquette.
D'apres un ancien usage, l'empereur avait sur les rois de France
l'honneur de l'initiative; il etait toujours nomme le premier dans
le protocole des traites, et ses ambassadeurs avaient le pas sur les
ambassadeurs francais. C'etait le seul souverain auquel cet honneur fut
concede par la France. Les deux envoyes de l'empereur consentaient
a reconnaitre sur-le-champ la republique francaise, si l'ancienne
etiquette etait conservee.
"La republique francaise, repondit fierement Bonaparte, n'a pas besoin
d'etre reconnue; elle est en Europe comme le soleil sur l'horizon; tant
pis pour les aveugles qui ne savent ni le voir ni en profiter." Il
refusa l'article de la reconnaissance. Quant a l'etiquette, il declara
que ces questions etaient fort indifferentes a la republique francaise,
qu'on pourrait s'entendre a cet egard avec le directoire, et qu'il ne
serait probablement pas eloigne de sacrifier de semblables interets a
des avantages reels; que, pour le moment, on traiterait sur le pied
de l'egalite, et que la France et l'empereur auraient alternativement
l'initiative.
On aborda ensuite les questions essentielles. Le premier et le plus
important article etait la cession des provinces belgiques a la France.
Il ne pouvait plus entrer dans l'intention de l'Autriche de les refuser.
Il fut convenu d'abord que l'empereur abandonnerait a la France toutes
ses provinces belgiques; qu'en outre il consentirait, comme membre de
l'empire germanique, a ce que la France etendit sa limite jusqu'au Rhin.
Il s'agissait de trouver des indemnites, et l'empereur avait exige qu'on
lui en procurat de suffisantes, soit en Allemagne, soit en Italie. Il
y avait deux moyens de lui en procurer en Allemagne, lui donner la
Baviere, ou seculariser divers etats ecclesiastiques de l'Empire. La
premiere idee avait plus d'une fois occupe la diplomatie europeenne. La
seconde etait due a Rewbell, qui avait imagine ce moyen comme le plus
convenable et le plus con
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