l tout-puissant
dont il avait refuse l'alliance, et dont il venait de massacrer
les soldats. Il etait plonge dans la terreur. Qu'il eut ordonne
officiellement, et les massacres de Verone, et les cruautes commises au
port du Lido, ce n'etait pas vraisemblable; et on ne connaitrait pas la
marche des gouvernemens domines par les factions, si on le supposait.
Les gouvernemens qui sont dans cette situation n'ont pas besoin de
donner les ordres dont ils souhaitent l'execution; ils n'ont qu'a
laisser agir la faction dont ils partagent les voeux. Ils lui livrent
leurs moyens, et font par elle tout ce qu'ils n'oseraient pas faire
eux-memes. Les insurges de Verone avaient des canons; ils etaient
appuyes par les regimens reguliers venitiens; le podestat de Bergame,
Ottolini, avait recu de longue main tout ce qui etait necessaire pour
armer les paysans; ainsi, apres avoir fourni les moyens, le gouvernement
n'avait qu'a laisser faire; et c'est ainsi qu'il se conduisit. Dans le
premier instant cependant, il commit une imprudence: ce fut de decerner
une recompense au commandant du Lido, pour avoir fait respecter, dit-il,
les lois venitiennes. Il ne pouvait donc se flatter d'offrir des excuses
valables au general Bonaparte. Il envoya de nouvelles instructions aux
deux deputes Donat et Justiniani, qui n'etaient charges d'abord que de
repondre aux sommations faites par Junot le 26 germinal (15 avril).
Alors les evenemens de Verone et du Lido n'etaient pas connus; mais
maintenant les deux deputes avaient une bien autre tache a remplir, et
bien d'autres evenemens a expliquer. Ils s'avancerent au milieu des
cris d'allegresse excites par la nouvelle de la paix, et ils comprirent
bientot qu'eux seuls auraient sujet d'etre tristes, au milieu de ces
grands evenemens. Ils apprirent en route que Bonaparte, pour les punir
du refus de son alliance, de leurs rigueurs contre ses partisans, et
de quelques assassinats isoles commis sur les Francais, avait cede
une partie de leurs provinces a l'Autriche. Que serait-ce quand il
connaitrait les odieux evenemens qui avaient suivi!
Bonaparte revenait deja de Leoben, et, suivant la teneur des
preliminaires, repliait son armee sur les Alpes et l'Izonzo. Ils le
trouverent a Gratz, et lui furent presentes le 6 floreal (25 avril). Il
ne connaissait encore dans ce moment que les massacres de Verone, qui
avaient commence le 28 germinal (17 avril), et point encore ceux du
Lido, qui avaient eu lieu le 4 floreal (23
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