sparurent de nouveau. Une municipalite provisoire les remplaca; et,
en voyant les troupes francaises maitresses de la ville et pretes a la
reduire en cendres, elle se rendit sans conditions. Le general Kilmaine
fit ce qu'il put pour empecher le pillage; mais il ne put sauver le
Mont-de-Piete, qui fut en partie depouille. Il fit fusiller quelques-uns
des chefs connus de l'insurrection, pris les armes a la main; il imposa
pour la solde de l'armee une contribution de onze cent mille francs a la
ville, et lanca sa cavalerie sur les routes pour desarmer les paysans,
et sabrer ceux qui resisteraient. Il s'efforca ensuite de retablir
l'ordre, et fit sur-le-champ un rapport au general en chef, pour
attendre sa decision a l'egard de la ville rebelle. Tels furent les
massacres connus sous le nom de _Paques veronaises_.
Pendant que cet evenement se passait a Verone, il se commettait a
Venise meme un acte plus odieux encore, s'il est possible. Un reglement
defendait aux vaisseaux armes des puissances belligerantes d'entrer dans
le port du Lido. Un lougre commande par le capitaine Laugier, faisant
partie de la flottille francaise dans l'Adriatique, chasse par des
fregates autrichiennes, s'etait sauve sous les batteries du Lido, et
les avait saluees de neuf coups de canon. On lui signifia de s'eloigner
malgre le temps et malgre les vaisseaux ennemis qui le poursuivaient. Il
allait obeir, lorsque, sans lui donner le temps de prendre le large,
les batteries font feu sur le malheureux vaisseau, et le criblent sans
pitie. Le capitaine Laugier, se comportant avec un genereux devouement,
fait descendre son equipage a fond de cale, et monte sur le pont avec un
porte-voix pour se faire entendre, et repeter qu'il se retire. Mais il
tombe mort sur le pont avec deux hommes de son equipage. Dans le meme
moment, des chaloupes venitiennes, montees par des Esclavons, abordent
le lougre, fondent sur le pont et massacrent l'equipage, a l'exception
de deux ou trois malheureux qui sont conduits a Venise. Ce deplorable
evenement eut lieu le 4 floreal (23 avril).
Dans ce moment, on apprenait avec les massacres de Verone, la prise
de cette ville, et la signature des preliminaires. Le gouvernement se
voyait tout-a-fait compromis, et ne pouvait plus compter sur la ruine
du general Bonaparte, qui, loin d'etre enveloppe et battu, etait au
contraire victorieux, et venait d'imposer la paix a l'Autriche. Il
allait se trouver maintenant en presence de ce genera
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