forme a l'esprit de la revolution. Ce n'etait
plus le temps, en effet, ou des eveques devaient etre souverains
temporels, et il etait ingenieux de faire payer a la puissance
ecclesiastique les agrandissemens que recevait la republique francaise.
Mais les agrandissemens de l'empereur en Allemagne ne pouvaient que
difficilement obtenir l'assentiment de la Prusse. D'ailleurs, si on
donnait la Baviere, il fallait trouver des indemnites pour le prince
qui la possedait. Enfin les etats d'Allemagne etant sous l'influence
immediate de l'empereur, il ne gagnait pas beaucoup a les acquerir, et
il aimait beaucoup mieux des agrandissemens en Italie, qui ajoutaient
veritablement de nouveaux territoires a sa puissance. Il fallait donc
songer a chercher des indemnites en Italie.
Si on avait consenti a rendre sur-le-champ a l'empereur la Lombardie;
si on avait pris l'engagement de conserver dans son etat actuel la
republique de Venise, et de ne pas faire arriver la democratie jusqu'aux
frontieres des Alpes, il aurait consenti sur-le-champ a la paix, et
aurait reconnu la republique cispadane, composee du duche de Modene, des
deux legations et de la Romagne. Mais replacer la Lombardie sous le joug
de l'Autriche, la Lombardie qui nous avait montre tant d'attachement,
qui avait fait pour nous tant d'efforts et de sacrifices, et dont les
principaux habitans s'etaient si fort compromis, etait un acte odieux et
une faiblesse; car notre situation nous permettait d'exiger davantage.
Il fallait donc assurer l'independance de la Lombardie, et chercher en
Italie des indemnites qui dedommageassent l'Autriche de la double perte
de la Belgique et de la Lombardie. Il y avait un arrangement tout
simple, qui s'etait presente plus d'une fois a l'esprit des diplomates
europeens, qui plus d'une fois avait ete un sujet d'esperance pour
l'Autriche et de crainte pour Venise, c'etait d'indemniser l'Autriche
avec les etats venitiens. Les provinces illyriennes, l'Istrie et toute
la Haute-Italie, depuis l'Izonzo jusqu'a l'Oglio, formaient de riches
possessions, et pouvaient fournir d'amples dedommagemens a l'Autriche.
La maniere dont l'aristocratie venitienne s'etait conduite avec la
France, ses refus constans de s'allier avec elle, ses armemens secrets
dont le but evident etait de tomber sur les Francais en cas de revers,
le soulevement recent des montagnards et des paysans, l'assassinat
des Francais, avaient rempli Bonaparte d'indignation. D'ailleurs, si
l'emp
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