Le parti
ennemi des Francais et de la revolution, a la tete duquel etaient la
plupart des membres du gouvernement venitien, sans que le gouvernement
parut y etre lui-meme, se montrait plus exalte que jamais. C'est a
Verone surtout que l'agitation etait grande. Cette ville, la plus
importante des etats venitiens, etait la premiere exposee a la contagion
revolutionnaire, car elle venait immediatement apres Salo sur la ligne
des villes insurgees. Les Venitiens tenaient a la sauver et a en chasser
les Francais. Tout les y encourageait, tant les dispositions des
habitans, que l'affluence des montagnards et l'approche du general
Laudon. Deja il s'y trouvait des troupes italiennes et esclavonnes, au
service de Venise. On en fit approcher de nouvelles, et bientot toutes
les communications furent interceptees avec les villes voisines. Le
general Balland, qui commandait a Verone la garnison francaise, se vit
separe des autres commandans places dans les environs. Plus de vingt
mille montagnards inondaient la campagne. Les detachemens francais
etaient attaques sur les routes, des capucins prechaient la populace
dans les rues, et on vit paraitre un faux manifeste du podestat de
Verone, qui encourageait au massacre des Francais. Ce manifeste etait
suppose, et le nom de Battaglia, dont on l'avait signe, suffisait pour
en prouver la faussete; mais il n'en devait pas moins contribuer a
echauffer les tetes. Enfin un avis emane des chefs du parti dans Verone,
annoncait au general Laudon qu'il pouvait s'avancer, et qu'on allait lui
livrer la place. C'etait dans les journees des 26 et 27 germinal (15
et 16 avril) que tout ceci se passait. On n'avait aucune nouvelle de
Leoben, et le moment paraissait en effet des mieux choisis pour une
explosion.
Le general Balland se tenait sur ses gardes. Il avait donne a toutes
ses troupes l'ordre de se retirer dans les forts au premier signal. Il
reclama aupres des autorites venitiennes contre les traitemens exerces
a l'egard des Francais, et surtout contre les preparatifs qu'il
voyait faire. Mais il n'obtint que des paroles evasives et point de
satisfaction reelle. Il ecrivit a Mantoue, a Milan, pour demander des
secours, et il se tint pret a s'enfermer dans les forts. Le 28
germinal (17 avril), jour de la seconde fete de Paques, une agitation
extraordinaire se manifesta dans Verone; des bandes de paysans y
entrerent en criant: Mort aux jacobins! Balland fit retirer ses troupes
dans les forts, ne lais
|