ereur, pour qui Venise s'etait secretement armee, acceptait ses
depouilles, Bonaparte, contre qui elle avait fait ces armemens, ne
pouvait avoir aucun scrupule a les ceder. Du reste, il y avait des
dedommagemens a offrir a Venise. On avait la Lombardie, le duche de
Modene, les legations de Bologne et de Ferrare, la Romagne, provinces
riches et considerables, dont une partie formait la republique
cispadane. On pouvait indemniser Venise avec quelques-unes de ces
provinces. Cet arrangement parut le plus convenable, et la, pour la
premiere fois, fut arrete le principe de dedommager l'Autriche avec les
provinces de la terre-ferme de Venise, sauf a dedommager celle-ci avec
d'autres provinces italiennes.
On en refera a Vienne, dont on etait a peine eloigne de vingt-cinq
lieues. Ce genre d'indemnite fut agree; les preliminaires de la paix
furent aussitot fixes, et rediges en articles, qui durent servir de base
a une negociation definitive. L'empereur abandonnait a la France toutes
ses possessions des Pays-Bas, et consentait, comme membre de l'Empire, a
ce que la republique acquit la limite du Rhin. Il renoncait en outre a
la Lombardie. En dedommagement de tous ces sacrifices, il recevait
les etats venitiens de la terre-ferme, l'Illyrie, l'Istrie et la
Haute-Italie jusqu'a l'Oglio. Venise restait independante, conservait
les iles Ioniennes, et devait recevoir des dedommagemens pris sur
les provinces qui etaient a la disposition de la France. L'empereur
reconnaissait les republiques qui allaient etre fondees en Italie.
L'armee francaise devait se retirer des etats autrichiens, et cantonner
sur la frontiere de ces etats, c'est-a-dire, evacuer la Carinthie et la
Carniole, et se placer sur l'Izonzo et aux debouches du Tyrol. Tous
les arrangemens relatifs aux provinces et au gouvernement de Venise,
devaient etre faits d'un commun accord avec l'Autriche. Deux congres
devaient s'ouvrir, l'un a Berne pour la paix particuliere avec
l'empereur, l'autre dans une ville d'Allemagne pour la paix avec
l'Empire. La paix avec l'empereur devait etre conclue dans trois mois,
sous peine de la nullite des preliminaires. L'Autriche avait de plus une
raison puissante de hater la conclusion du traite definitif, c'etait
d'entrer au plus tot en possession des provinces venitiennes, afin
que les Francais n'eussent pas le temps d'y repandre les idees
revolutionnaires.
Le projet de Bonaparte etait de demembrer la republique cispadane,
composee du duche
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