enemens etaient tellement avances, qu'il etait impossible qu'ils
s'arretassent. L'insurrection de Bergame avait eu lieu le 22 ventose (12
mars); celle de Brescia le 27 (17 mars); celle de Salo le 4 germinal (24
mars). Le 8 germinal (28 mars), la ville de Creme fit sa revolution, et
les troupes francaises s'y trouverent forcement engagees. Un detachement
qui precedait la division Victor, de retour en Lombardie, se presenta
aux portes de Creme. C'etait dans un moment de fermentation. La vue
des troupes francaises ne pouvait qu'accroitre les esperances et la
hardiesse des patriotes. Le podestat venitien, qui etait dans l'effroi,
refusa d'abord l'entree aux Francais; puis il en introduisit quarante,
lesquels s'emparerent des portes de la ville, elles ouvrirent aux
troupes francaises qui suivaient. Les habitans profiterent de
l'occasion, s'insurgerent, et renvoyerent le podestat venitien. Les
Francais n'avaient pris ce parti que pour s'ouvrir passage; les
patriotes en profiterent pour se soulever. Quand il existe de
pareilles dispositions, tout devient cause, et les evenemens les plus
involontaires ont des resultats qui font supposer la complicite la ou il
n'en existe point. Telle fut la situation des Francais, qui, sans
aucun doute, souhaitaient individuellement la revolution, mais qui
officiellement observaient la neutralite.
Les montagnards et les paysans, excites par les agens de Venise et par
les predications des capucins, inondaient les campagnes. Les regimens
esclavons, debarques des lagunes sur la terre-ferme, s'avancaient
sur les villes insurgees. Kilmaine avait donne ses ordres, et mis en
mouvement la legion lombarde pour desarmer les paysans. Deja plusieurs
escarmouches avaient eu lieu; des villages avaient ete incendies, des
paysans saisis et desarmes. Mais ceux-ci, de leur cote, menacaient de
saccager les villes et d'egorger les Francais, qu'ils designaient sous
le nom de jacobins. Deja meme ils assassinaient d'une maniere
horrible tous ceux qu'ils trouvaient isoles. Ils firent d'abord la
contre-revolution a Salo; aussitot une troupe des habitans de Bergame
et de Brescia, appuyee par un detachement des Polonais de la legion
lombarde, marcha sur Salo, pour en chasser les montagnards. Quelques
individus envoyes pour parlementer furent attires dans la ville et
egorges; le detachement fut enveloppe et battu, deux cents Polonais
furent faits prisonniers, et envoyes a Venise. On saisit a Salo, a
Verone, dans toutes l
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