et Klagenfurth. Il
ecrivit au prince Charles, le meme jour 11 (31), une lettre memorable.
"Monsieur le general en chef, lui dit-il, les braves militaires font la
guerre et desirent la paix. Cette guerre ne dure-t-elle pas depuis six
ans? avons-nous assez tue de monde, et cause assez de maux a la triste
humanite? Elle reclame de tous cotes. L'Europe, qui avait pris les armes
contre la republique francaise, les a posees. Votre nation reste seule,
et cependant le sang va couler plus que jamais. Cette sixieme campagne
s'annonce par des presages sinistres. Quelle qu'en soit l'issue, nous
tuerons de part et d'autre quelques milliers d'hommes, et il faudra
bien que l'on finisse par s'entendre, puisque tout a un terme, meme les
passions haineuses.
"Le directoire executif de la republique francaise avait fait connaitre
a sa majeste l'empereur le desir de mettre fin a la guerre qui desole
les deux peuples. L'intervention de la cour de Londres s'y est opposee.
N'y a-t-il donc aucun espoir de nous entendre, et faut-il, pour les
interets et les passions d'une nation etrangere aux maux de la guerre,
que nous continuions a nous entr'egorger? Vous, monsieur le general
en chef, qui par votre naissance approchez si pres du trone, et etes
au-dessus de toutes les petites passions qui animent souvent les
ministres et les gouvernemens, etes-vous decide a meriter le titre de
bienfaiteur de l'humanite entiere, et de vrai sauveur de l'Allemagne?
Ne croyez pas, monsieur le general en chef, que j'entende par la qu'il
n'est pas possible de la sauver par la force des armes; mais dans la
supposition que les chances de la guerre vous deviennent favorables,
l'Allemagne n'en sera pas moins ravagee. Quant a moi, monsieur le
general en chef, si l'ouverture que j'ai l'honneur de vous faire peut
sauver la vie a un seul homme, je m'estimerai plus fier de la couronne
civique que je me trouverai avoir meritee, que de la triste gloire qui
peut revenir des succes militaires."
L'archiduc Charles ne pouvait accueillir cette ouverture, car la
determination du conseil aulique n'etait pas encore prise. On embarquait
a Vienne les meubles de la couronne et les papiers precieux sur le
Danube, et on envoyait les jeunes archiducs et archiduchesses en
Hongrie. La cour se preparait, dans un cas extreme, a evacuer la
capitale. L'archiduc repondit au general Bonaparte qu'il desirait la
paix autant que lui, mais qu'il n'avait aucun pouvoir pour en traiter,
et qu'il fallai
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