ui caressait,
accueillait nos armees, et d'assurer le triomphe a celui qui etait pret,
en cas de revers, a aneantir nos principes et nos armees. Il resolut de
profiter encore de cette circonstance pour obtenir des envoyes de Venise
les concessions et les secours qu'il n'avait pu leur arracher. Il recut
les deux envoyes poliment, et leur donna audience le 5 germinal (25
mars). "Que je m'arme, leur dit-il, contre mes amis, contre ceux qui
nous accueillent et veulent nous defendre, en faveur de mes ennemis, en
faveur de ceux qui nous detestent et veulent nous egorger, c'est la une
chose impossible. Cette lache politique est aussi loin de mon coeur que
de mes interets. Jamais je ne preterai mon secours contre des principes
pour lesquels la France a fait sa revolution, et auxquels je dois en
partie le succes de mes armes. Mais je vous offre encore une fois
mon amitie et mes conseils. Alliez-vous franchement a la France,
rapprochez-vous de ses principes, faites des modifications
indispensables a votre constitution; alors je reponds de tout, et sans
employer une violence qui est impossible de ma part, j'obtiendrai par
mon influence sur le peuple italien, et par l'assurance d'un regime plus
raisonnable, le retour a l'ordre et a la paix. Ce resultat vous convient
a vous autant qu'a moi." Ce langage, qui etait sincere, et dont la
sagesse n'a pas besoin d'etre demontree, ne convenait point aux envoyes
venitiens, surtout a Pezaro. Ce n'etait point la ce qu'ils voulaient;
ils desiraient que Bonaparte leur restituat les forteresses qu'il avait
occupees par precaution, dans Bergame, Brescia, Verone; qu'il souffrit
l'armement du parti fanatique contre le parti patriote, et qu'il permit
qu'on lui preparat ainsi une Vendee sur ses derrieres. Ce n'etait pas la
un moyen de s'entendre. Bonaparte, dont l'humeur etait prompte, traita
fort mal les deux envoyes, et leur rappelant les procedes des Venitiens
envers l'armee francaise, leur declara qu'il connaissait leurs
dispositions secretes et leurs projets; mais qu'il etait en mesure, et
qu'il y avait une armee en Lombardie pour veiller sur eux. La conference
devint aigre. On passa de ces questions a celles des approvisionnemens.
Jusqu'ici Venise avait fourni des vivres a l'armee francaise, et elle
avait autorise Bonaparte a les exiger d'elle, en nourrissant l'armee
autrichienne. Les Venitiens voulaient que Bonaparte, transporte dans les
etats hereditaires, cessat de se nourrir a leurs depens. Ce
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