de l'esprit
revolutionnaire, par l'effet du voisinage de la Lombardie. Dans les
villes de Bergame, Brescia, Salo, Creme, se trouvaient une multitude de
grandes familles, auxquelles le joug de la noblesse du Livre d'Or etait
insupportable, et qui, appuyees par une bourgeoisie nombreuse, formaient
des partis puissans. En suivant les conseils de Bonaparte, en ouvrant
les pages du livre d'or, en apportant quelques modifications a
l'ancienne constitution, le gouvernement de Venise aurait desarme le
parti redoutable qui s'etait forme dans toutes les provinces de la
terre-ferme; mais l'aveuglement ordinaire a toutes les aristocraties
avait empeche cette transaction, et rendu une revolution inevitable.
La part que prirent les Francais dans cette revolution est facile a
determiner, malgre toutes les absurdites inventees par la haine
et repetees par la sottise. L'armee d'Italie etait composee de
revolutionnaires meridionaux, c'est-a-dire de revolutionnaires ardens.
Dans tous leurs rapports avec les sujets venitiens, il n'etait pas
possible qu'ils ne communiquassent leur esprit, et qu'ils n'excitassent
la revolte contre la plus odieuse des aristocraties europeennes; mais
cela etait inevitable, et il n'etait au pouvoir ni du gouvernement ni
des generaux francais de l'empecher. Quant aux intentions du directoire
et de Bonaparte, elles etaient claires. Le directoire souhaitait la
chute naturelle de tous les gouvernemens italiens, mais il etait
decide a n'y prendre aucune part active, et du reste il s'en reposait
entierement sur Bonaparte de la conduite des operations politiques et
militaires en Italie. Quant a Bonaparte lui-meme, il avait trop besoin
d'union, de repos et d'amis sur ses derrieres pour vouloir revolutionner
Venise. Une transaction entre les deux partis lui convenait bien
davantage. Cette transaction et notre alliance etant refusees, il se
proposait d'exiger a son retour ce qu'il n'avait pu obtenir par la voie
de la douceur; mais pour le moment il ne voulait rien essayer;
ses intentions a cet egard etaient positivement exprimees a son,
gouvernement, et il avait donne au general Kilmaine l'ordre le plus
formel de ne prendre aucune part aux evenemens politiques, et de
maintenir le calme le plus qu'il pourrait.
Les villes de Bergame et de Brescia, les plus agitees de la terre-ferme,
etaient fort en communication avec Milan. Partout se formaient des
comites revolutionnaires secrets pour correspondre avec les patriotes
mi
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