lanais. On leur demandait du secours pour secouer le joug de
Venise. Les victoires des Francais ne laissaient plus aucun doute sur
l'expulsion definitive des Autrichiens. Les patrons de l'aristocratie
etaient donc vaincus; et quoique les Francais affectassent la
neutralite, il etait clair qu'ils n'emploieraient pas leurs armes a
faire rentrer sous le joug les peuples qui l'auraient secoue. Tous ceux
donc qui s'insurgeaient paraissaient devoir rester libres. Telle etait
la maniere de raisonner des Italiens. Les habitans de Bergame, plus
rapproches de Milan, firent demander secretement aux chefs milanais
s'ils pouvaient compter sur leur appui, et sur le secours de la legion
lombarde commandee par Lahoz. Le Podestat de Bergame, Ottolini, celui
qui, fidele agent des inquisiteurs d'etat, donnait de l'argent et des
armes aux paysans et aux montagnards, avait des espions parmi les
patriotes milanais; il connut le projet qui se tramait, et obtint le nom
des principaux habitans de Bergame, agens de la revolte. Il se hata de
depecher un courrier a Venise, pour porter leurs noms aux inquisiteurs
d'etat, et provoquer leur arrestation. Les habitans de Bergame, avertis
du peril, firent courir apres le porteur de la depeche, le firent
arreter, et publierent les noms de ceux d'entre eux qui etaient
compromis. Cet evenement decida l'explosion. Le 11 mars, au moment meme
ou Bonaparte marchait sur la Piave, le tumulte commenca dans Bergame.
Le podestat Ottolini fit des menaces qui ne furent pas ecoutees. Le
commandant francais que Bonaparte avait place dans le chateau avec une
garnison, pour veiller aux mouvemens des montagnards du Bergamasque,
redoubla de vigilance et renforca tous ses postes. De part et d'autre on
invoqua son appui; il repondit qu'il ne pouvait entrer dans les demeles
des sujets venitiens avec leur gouvernement, et il dit que le doublement
de ses postes n'etait qu'une precaution pour la surete de la place qui
lui etait confiee. En executant ses ordres, et en restant neutre, il
faisait bien assez pour les Bergamasques. Ceux-ci s'assemblerent le
lendemain 12 mars, formerent une municipalite provisoire, declarerent
la ville de Bergame libre, et chasserent le podestat Ottolini, qui se
retira avec les troupes venitiennes. Sur-le-champ, ils envoyerent une
adresse a Milan, pour obtenir l'appui des Lombards. L'incendie devait se
communiquer rapidement a Brescia, et a toutes les villes voisines. Les
habitans de Bergame, a peine af
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