franchis, envoyerent une deputation a
Brescia. La presence des Bergamasques souleva les Brescians. C'etait
Battaglia, ce Venitien qui avait soutenu de si sages avis dans les
deliberations du senat, qui etait podestat a Brescia. Il ne crut pas
pouvoir resister, et il se retira. La revolution de cette ville s'opera
le 15 mars. L'incendie continua de se repandre, en longeant le pied des
montagnes. Il se communiqua a Salo, ou la revolution se fit de meme
par l'arrivee des Bergamasques et des Brescians, par la retraite des
autorites venitiennes, et en presence des garnisons francaises, qui
restaient neutres, mais dont l'aspect, quoique silencieux, remplissait
les revoltes d'esperance. Ce soulevement du parti patriote dans
les villes devait naturellement determiner le soulevement du parti
contraire, qui etait dans les montagnes et les campagnes. Les
montagnards et les paysans, armes de longue main par Ottolini, recurent
le signal des capucins et des moines qui vinrent precher dans les
hameaux: ils se preparerent a venir saccager les villes insurgees, et,
s'ils le pouvaient, a assassiner les Francais. Des cet instant, les
generaux francais ne pouvaient plus demeurer inactifs, tout en voulant
rester neutres. Ils connaissaient trop bien les intentions des
montagnards et des paysans, pour souffrir qu'ils prissent les armes; et
sans vouloir donner de l'appui a aucun parti, ils se voyaient obliges
d'intervenir, et de comprimer celui qui avait et qui annoncait contre
eux des intentions hostiles. Kilmaine ordonna sur-le-champ au general
Lahoz, commandant la legion lombarde, de marcher vers les montagnes pour
s'opposer a leur armement. Il ne voulait ni ne devait mettre obstacle
aux operations des troupes venitiennes regulieres, si elles venaient
agir contre les villes insurgees, mais il ne voulait pas souffrir un
soulevement dont le resultat etait incalculable, dans le cas d'une
defaite en Autriche. Il envoya sur-le-champ des courriers a Bonaparte,
et fit hater la marche de la division Victor, qui revenait des etats du
pape.
Le gouvernement de Venise, comme il arrive toujours aux gouvernements
aveugles, qui ne veulent pas prevenir le danger en accordant ce qui est
indispensable, fut epouvante de ces evenemens, comme s'ils avaient ete
imprevus. Il fit marcher sur-le-champ les troupes qu'il reunissait
depuis long-temps, et les achemina sur les villes de la rive droite du
Mincio. En meme temps, persuade que les Francais etaient l'influe
|