ravoure. On fond sur l'armee
ennemie, et on la repousse de toutes parts. Cependant le prince Charles
avait place un gros d'infanterie a Gradisca, vers notre gauche, et
tenait sa cavalerie vers notre aile droite, pour nous deborder et nous
charger a la faveur de la plaine. Le general Guyeux a la tete de sa
division attaque Gradisca avec furie, et l'enleve. Bonaparte dispose
sa reserve de cavalerie vers notre aile menacee, et la lance, sous les
ordres du general Dugua et de l'adjudant-general Kellermann, sur
la cavalerie autrichienne. Nos escadrons chargent avec adresse et
impetuosite, font prisonnier le general de la cavalerie ennemie, et
la mettent en deroute. Sur toute la ligne le Tagliamento est franchi,
l'ennemi est en fuite. Nous avons quatre a cinq cents prisonniers; le
terrain tout ouvert ne permettait pas d'en prendre davantage.
Telle fut la journee du 29 ventose (16 mars), dite bataille du
Tagliamento. Pendant qu'elle avait lieu, Massena, sur la chaussee
du centre, attaquait Osopo, s'emparait des gorges de la Ponteba, et
poussait sur Tarwis les debris des divisions Lusignan et Orkscay.
L'archiduc Charles sentait que, pour garder la chaussee de la Carniole
et couvrir Trieste, il allait perdre la chaussee de la Carinthie, qui
etait la plus directe et la plus courte, et celle que Bonaparte voulait
suivre pour marcher sur Vienne. La chaussee de la Carniole communique
avec celle de la Carinthie et le col de Tarwis par une route
transversale qui suit la vallee de l'Izonzo. L'archiduc Charles dirige
la division Bayalitsch par cette communication sur le col de Tarwis,
pour prevenir Massena, s'il est possible. Il se retire ensuite avec
le reste de ses forces sur le Frioul, afin de disputer le passage du
Bas-Izonzo.
Bonaparte le suit et s'empare de Palma-Nova, place venitienne que
l'archiduc avait occupee, et qui renfermait des magasins immenses. Il
marche ensuite sur Gradisca, ville situee en avant de l'Izonzo. Il y
arrive le 29 ventose (19 mars). La division Bernadotte s'avance vers
Gradisca, qui etait faiblement retranchee, mais gardee par trois mille
hommes. Pendant ce temps, Bonaparte dirige la division Serrurier un peu
au-dessous de Gradisca, pour y passer l'Izonzo et couper la retraite a
la garnison. Bernadotte, sans attendre le resultat de cette manoeuvre,
somme la place de se rendre. Le commandant s'y refuse. Les soldats du
Rhin demandent l'assaut, pour entrer dans la place avant les soldats
d'Italie. Ils f
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