ent actuel, on
le laissera sans excuse, on eclairera les Americains, et on decidera un
choix contraire a la prochaine election. Tous les torts dont la France
peut avoir a se plaindre seront alors repares." Cet avis sage et
prevoyant l'avait emporte au directoire. Rewbell, Barras, Larevelliere
le firent triompher contre l'avis du systematique Carnot, qui quoique
dispose ordinairement pour la paix, voulait qu'on se fit donner la
Louisiane, et qu'on y essayat une republique.
Tels etaient les rapports de la France avec les puissances qui etaient
ses alliees ou simplement ses amies. L'Angleterre et l'Autriche avaient
fait, l'annee precedente, un traite de triple alliance avec la Russie;
mais la grande et fourbe Catherine venait de mourir. Son successeur,
Paul 1er, prince dont la raison etait peu solide, et s'eclairait par
lueurs passageres, comme il arrive souvent dans sa famille, avait montre
beaucoup d'egards aux emigres francais, et cependant peu d'empressement
a executer les conditions du traite de triple alliance. Ce prince
semblait etre frappe de la puissance colossale de la republique
francaise, et on aurait dit qu'il comprenait le danger de la rendre plus
redoutable en la combattant; du moins ses paroles a un Francais tres
connu par ses lumieres et son esprit, le feraient croire. Sans rompre le
traite, il avait fait valoir l'etat de ses armees et de son tresor, et
avait conseille a l'Angleterre et a l'Autriche la voie des negociations.
L'Angleterre avait essaye de decider le roi de Prusse a se jeter dans la
coalition, mais n'y avait pas reussi. Ce prince sentait qu'il n'avait
aucun interet a venir au secours de son plus redoutable ennemi,
l'empereur. La France lui promettait une indemnite en Allemagne pour le
stathouder, qui avait epouse sa soeur; il n'avait donc rien a desirer
pour lui-meme. Il voulait seulement empecher que l'Autriche, battue et
depouillee par la France, ne s'indemnisat de ses pertes en Allemagne;
il aurait meme desire s'opposer a ce qu'elle recut des indemnites en
Italie: aussi avait-il declare que jamais il ne consentirait a ce que
l'Autriche recut la Baviere en echange des Pays-Bas, et il faisait en
meme temps proposer son alliance a la republique de Venise, lui offrant
de la garantir, dans le cas ou la France et l'Autriche voudraient
s'accommoder a ses depens. Son but etait donc d'empecher que l'empereur
ne trouvat des equivalens pour les pertes qu'il faisait en luttant
contre la France.
La
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