avait mis ses soldats a l'abri des besoins
qui affligeaient l'armee du Rhin. Imaginant une autre repartition des
differentes armes, il avait perfectionne son ensemble, et lui avait
donne la plus belle organisation. Il brulait de marcher a la tete de
ses quatre-vingt mille hommes, et ne voyait aucun obstacle qui put
l'empecher de s'avancer jusqu'au coeur de l'Allemagne. Jaloux de
signaler ses vues politiques, il voulait imiter l'exemple du general
d'Italie et creer a son tour une republique. Les provinces d'entre
Meuse et Rhin, qui n'avaient point ete, comme la Belgique, declarees
territoire constitutionnel, etaient provisoirement sous l'autorite
militaire. Si, a la paix avec l'empire, on les refusait a la France,
pour ne pas lui donner la ligne du Rhin, on pouvait du moins consentir a
ce qu'elles fussent constituees en une republique independante, alliee
et amie de la notre. Cette republique, sous le nom de republique
cisrhenane, aurait pu etre indissolublement attachee a la France, et lui
etre aussi utile qu'une de ses provinces. Hoche profitait du moment
pour lui donner une organisation provisoire, et la preparer a l'etat
republicain. Il avait forme a Bonn une commission, chargee de la double
tache de l'organiser et d'en tirer les ressources necessaires a nos
troupes.
L'armee du Haut-Rhin, sous Moreau, etait loin de se trouver dans un etat
aussi satisfaisant. Elle ne laissait rien a desirer quant a la valeur
et a la discipline des soldats, mais elle manquait du necessaire, et le
defaut d'argent, ne permettant pas meme l'acquisition d'un equipage
de pont, retardait son entree en campagne. Moreau faisait de vives
instances pour obtenir quelques centaines de mille francs, que la
tresorerie etait dans l'impossibilite de lui fournir. Il s'etait
adresse, pour les obtenir, au general Bonaparte; mais il fallait
attendre que celui-ci eut acheve son excursion dans les etats du pape.
Cette circonstance devait retarder les operations sur le Rhin.
Les plus grands coups et les plus prompts allaient se porter en Italie.
Bonaparte, pret a detruire a Rivoli la derniere armee autrichienne,
avait annonce qu'il ferait ensuite une excursion de quelques jours dans
les etats du pape, pour le soumettre a la republique, et y prendre
l'argent necessaire aux besoins de l'armee; il avait ajoute que si on
lui envoyait un renfort de trente mille hommes, il franchirait les Alpes
Juliennes, et marcherait hardiment sur Vienne. Ce plan, si vaste,
|