roi de Blankembourg. Ces miserables en imposaient a ce roi, et
calomniaient les membres de la reunion de Clichy. Il y avait la des
ambitieux qui etaient ennemis des conventionnels, parce que les
conventionnels occupaient le gouvernement tout entier, des hommes
exasperes contre la revolution, des dupes qui se laissaient conduire,
mais tres-peu d'hommes assez hardis pour songer a la royaute, et assez
capables pour travailler utilement a son retablissement. Ce n'en etait
pas moins sur de tels fondemens que les agens du royalisme batissaient
leurs projets et leurs promesses.
C'est l'Angleterre qui fournissait a tous les frais de la
contre-revolution presumee; elle envoyait de Londres en Bretagne les
secours que demandait Puisaye. Le ministre anglais en Suisse, Wickam,
etait charge de fournir des fonds aux deux agences de Lyon et de Paris,
et d'en faire parvenir directement a Pichegru, qui etait, suivant la
correspondance, _cave pour les grands cas_.
Les agens de la contre-revolution avaient la pretention de prendre
l'argent de l'Angleterre et de se moquer d'elle. Ils etaient convenus
avec le pretendant de recevoir ses fonds, sans jamais suivre aucune
de ses vues, sans jamais obeir a aucune de ses inspirations, dont il
fallait, disait-on, se defier. L'Angleterre n'etait point leur dupe, et
avait pour eux tout le mepris qu'ils meritaient. Wickam, Pitt, et tous
les ministres anglais, ne comptaient pas du tout sur les oeuvres de ces
messieurs, et n'en esperaient pas la contre-revolution. Il leur fallait
des brouillons qui troublassent la France, qui repandissent l'inquietude
par leurs projets, et qui, sans mettre le gouvernement dans un peril
reel, lui causassent des craintes exagerees. Ils consacraient
volontiers un million ou deux par an a cet objet. Ainsi les agens de
contre-revolution se trompaient, en croyant tromper les Anglais. Avec
toute leur bonne volonte de faire une escroquerie, ils n'y reussissaient
pas; et l'Angleterre ne comptait pas sur de plus grands resultats que
ceux qu'ils etaient capables de produire.
Tels etaient alors les projets et les moyens de la faction royaliste.
Le ministre de la police, Cochon, en connaissait une partie; il savait
qu'il existait a Paris des correspondans de la cour de Blankembourg; car
dans notre longue revolution, ou tant de complots se sont succede, il
n'y a pas d'exemple d'une conspiration restee inconnue. Il suivait
attentivement leur marche, les entourait d'espions, et at
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