qui en
revelaient en partie les details. On y vit, par exemple, que ces
messieurs composaient de leur chef un gouvernement tout entier. Ils
voulaient dans le premier moment, et en attendant le retour du roi de
Blankembourg, laisser exister une partie des autorites actuelles. Ils
voulaient nommement conserver Benezech a l'interieur, Cochon a la
police; et si ce dernier, comme regicide, effarouchait les royalistes,
ils projetaient de mettre a sa place M. Simeon ou M. Portalis. Ils
voulaient encore placer aux finances M. Barbe-Marbois, _qui a_,
disaient-ils, _des talens, de l'instruction_, et qui _passe pour
honnete_. Ils n'avaient point consulte certainement ni Benezech, ni
Cochon, ni MM. Portalis, Simeon et Barbe-Marbois, auxquels ils etaient
totalement inconnus; mais ils avaient dispose d'eux, comme d'usage, a
leur insu, et sur leurs opinions presumees.
La decouverte de ce complot produisit une vive sensation, et prouva que
la republique devait toujours etre en garde contre ses anciens
ennemis. Il causa un veritable etonnement dans toute l'opposition, qui
aboutissait au royalisme sans s'en douter, et qui n'etait nullement dans
le secret. Cet etonnement prouvait combien ces miserables se vantaient,
en annoncant a Blankembourg qu'ils disposaient d'un grand nombre de
membres des deux conseils. Le directoire voulut sur-le-champ les livrer
a une commission militaire. Ils declinerent cette competence, en
soutenant qu'ils n'avaient point ete surpris les armes a la main, ni
faisant une tentative de vive force. Plusieurs deputes, qui s'unissaient
de sentiment a leur cause, les appuyerent dans les conseils; mais le
directoire n'en persista pas moins a les traduire devant une commission
militaire, comme ayant tente d'embaucher des militaires.
Leur systeme de defense fut assez adroit. Ils avouerent leur qualite
d'agens de Louis XVIII, mais ils soutinrent qu'ils n'avaient d'autre
mission que celle de preparer l'opinion, et d'attendre d'elle seule, et
non de la force, le retour aux idees monarchiques. Ils furent condamnes
a mort, mais leur peine fut commuee en une detention, pour prix des
revelations de Duverne de Presle[3]. Celui-ci fit au directoire une
longue declaration, qui fut inseree au registre secret, et dans laquelle
il devoila toutes les menees des royalistes. Le directoire, instruit
de ces details, se garda de les publier, pour ne point apprendre aux
conspirateurs qu'il connaissait leur plan tout entier. Duverne de Pr
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