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ne dit rien sur Pichegru, dont les intrigues, aboutissant directement au
prince de Conde, etaient restees inconnues aux agens de Paris; mais
il declara vaguement, d'apres des oui-dire, que l'on avait essaye de
pratiquer des intelligences dans l'une des principales armees.
[Note 3: 19 germinal (8 avril).]
Cette arrestation de leurs principaux agens aurait pu dejouer les
intrigues des royalistes, s'ils avaient eu un plan bien lie; mais
chacun agissant de son cote a sa maniere, l'arrestation de Brottier,
Laville-Heurnois et Duverne de Presle n'empecha point MM. Puisaye et de
Frotte d'intriguer en Normandie et en Bretagne, M. de Precy a Lyon, et
le prince de Conde dans l'armee du Rhin.
On jugea peu de temps apres Baboeuf et ses complices; ils furent tous
acquittes, excepte Baboeuf et Darthe qui subirent la peine de mort[4].
[Note 4: 6 prairial (25 mai).]
L'affaire importante etait celle des elections. Par opposition au
directoire ou par royalisme, une foule de gens s'agitaient pour les
influencer. Dans le Jura, on travaillait a faire nommer Pichegru; a
Lyon, M. Imbert-Colomes, l'un des agens de Louis XVIII dans le Midi. A
Versailles, on faisait elire un M. de Vauvilliers, gravement compromis
dans le complot decouvert. Partout enfin on preparait des choix hostiles
au directoire. A Paris, les electeurs de la Seine s'etaient reunis pour
concerter leurs nominations. Ils se proposaient d'adresser les demandes
suivantes aux candidats: _As-tu acquis des biens nationaux? As-tu ete
journaliste? As-tu ecrit, agi et fait quelque chose dans la revolution?_
On ne devait nommer aucun de ceux qui repondraient affirmativement sur
ces questions. De pareils preparatifs annoncaient combien etait
violente la reaction contre tous les hommes qui avaient pris part a la
revolution. Cent journaux declamaient avec vehemence, et produisaient un
veritable etourdissement sur les esprits. Le directoire n'avait, pour
les reprimer, que la loi qui punissait de mort les ecrivains provoquant
le retour a la royaute. Jamais des juges ne pouvaient consentir a
appliquer une loi aussi cruelle. Il demanda pour la troisieme fois aux
conseils, de nouvelles dispositions legislatives qui lui furent encore
refusees. Il proposa aussi de faire preter aux electeurs le serment de
haine a la royaute; une vive discussion s'engagea sur l'efficacite du
serment, et on modifia la proposition, en changeant le serment en
une simple declaration. Chaque electeur devai
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