tendait de leur
part une tentative caracterisee, pour les saisir avec avantage. Ils
lui en fournirent bientot l'occasion. Poursuivant leur beau projet de
s'emparer des autorites, ils songerent a s'assurer d'abord des autorites
militaires de Paris. Les principales forces de la capitale consistaient
dans les grenadiers du corps legislatif, et dans le camp des Sablons.
Les grenadiers du corps legislatif etaient une troupe d'elite de douze
cents hommes, que la constitution avait places aupres des deux conseils,
comme garde de surete et d'honneur. Leur commandant, l'adjudant-general
Ramel, etait connu pour ses sentimens moderes, et aux yeux des imbeciles
agens de Louis XVIII, c'etait une raison suffisante pour le croire
royaliste. La force armee reunie aux Sablons s'elevait a peu pres a
douze mille hommes. Le commandant de cette force armee etait le general
Hatry, brave homme qu'on n'esperait pas gagner. On songea au chef
d'escadron du 21e de dragons, le nomme Malo, qui avait charge si
brusquement les jacobins lors de leur ridicule tentative sur le camp de
Grenelle. On raisonna pour lui comme pour Ramel; et parce qu'il avait
repousse les jacobins, on supposa qu'il accueillerait les royalistes.
Brottier, Laville-Heurnois et Duverne de Presle les sonderent tous les
deux, leur firent des propositions qui furent ecoutees, et denoncees
sur-le-champ au ministre de la police. Celui-ci enjoignit a Ramel et
Malo de continuer a ecouter les conspirateurs, pour connaitre tout leur
plan. Ceux-ci les laisserent developper longuement leurs projets, leurs
moyens, leurs esperances; et on s'ajourna a une prochaine entrevue, dans
laquelle ils devaient exhiber les pouvoirs qu'ils tenaient de Louis
XVIII. C'etait le moment choisi pour les arreter. Les entrevues avaient
lieu chez le chef d'escadron Malo, dans l'appartement qu'il occupait
a l'Ecole-Militaire. Des gendarmes et des temoins furent caches, de
maniere a tout entendre, et a pouvoir se montrer a un signal donne. Le
11 pluviose (30 janvier), en effet, ces miserables dupes se rendirent
chez Malo avec les pouvoirs de Louis XVIII, et developperent de nouveau
leurs projets. Quand on les eut assez ecoutes, on feignit de les laisser
partir, mais les agens apostes les saisirent, et les conduisirent chez
le ministre de la police. Sur-le-champ on se rendit a leurs domiciles,
et on s'empara en leur presence de tous leurs papiers. On y trouva
des lettres qui prouvaient suffisamment la conspiration, et
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